Final Fantasy VI, c'est un peu le Saint-Graal des amateurs de jeux de rôle qui se respectent. Presque vingt années après sa sortie, absolument aucune discussion sur le sujet ne peut avoir lieu sans au minimum le citer. Nombreux sont encore les journalistes et les joueurs à lui rendre hommage. Il existe bien évidement une raison -tout à fait justifiée- au phénomène. Celle d'une aventure belle, profonde, aux personnages inoubliables et aux musiques somptueuses. Une épopée où les idées sont à ce point originales et nombreuses qu'elles font rougir de honte n'importe quelle autre boîte se vantant de faire du RPG. Une aventure à ce point unique qu'elle mériterait de figurer au programme scolaire, juste à côté des essais de Camus. Une infamie ? Allons, dépassons les préjugés. Seul ce support matériel qu'est la cartouche vous permettra de voir une différence.

Je me rappelle la première fois que j'ai lancé FF VI. Le jeu n'étant jamais sorti en France, j'avais dû me contenter d'une version émulée mais qui venait tout juste d'être traduite pour la première fois intégralement en français. FF VII m'avait marqué au fer rouge, et le VIII n'était pas encore arrivé. Aussi je décidai de tenter l'expérience de celui que l'on surnomme "le plus grand Final Fantasy de tous les temps", et mon Dieu les amis, quel voyage ! Pourtant désormais habitué aux graphismes 3D des 32/64 bits, j'ai été immédiatement scotché par ce jeu avec son intro hallucinante. Quel univers ! Quels graphismes ! Quelle musique ! Quels personnages ! Certainement le FF ayant le plus gros groupe de combattants à disposition, Square a développé un background de folie pour chacun d'entre eux : impossible de ne pas tomber amoureux d'au moins un personnage tant ils sont magnifiques. Le jeu repousse les limites du genre et tient encore la dragée haute à n'importe quel RPG. Le système de combat est fantastique, tout comme la chasse aux Espers, passionnante. L'histoire est étonnamment longue, prenante, fataliste, touchante, et les moments magiques innombrables. Un rêve éveillé !

Difficile de résumer en un avis ce que représente Final Fantasy VI à mes yeux. C'est tout simplement un des meilleurs jeux que j'ai fait dans ma "carrière" de gamer ! Quel choc en 1994 lorsque je découvre le jeu dans sa version américaine (j'ai d'ailleurs fait d'énormes progrès en vocabulaire anglais grâce à lui) : graphismes somptueux, très détaillés et charmants, une histoire captivante, des héros charismatiques à souhait, un système de combat et d'évolution des personnages très complet et varié, 14 personnages à intégrer à son équipe, et le jeu possédait même un mode 2 joueurs pendant les combats ! Une durée de vie d'une quarantaine d'heures pour l'époque et le support, c'est ce qui se faisait de mieux. Des secrets à foison (parfois très durs à trouver sans la soluce), une difficulté bien dosée, des boss et ennemis marquants, des musiques somptueuses, difficile de faire mieux dans quasiment tous les domaines à sa sortie. Pour moi, le meilleur FF à ce jour. La perfection n'existe pas mais j'ose le 10/10 !

Une vieille légende irlandaise raconte que dans des temps reculés, le monde était couvert de brume et que les fées vivaient avec les hommes. Puis elles finirent par quitter notre monde car nous étions devenus irrespectueux et avides. Final Fantasy VI le mythique, reprend cette fable à travers le destin d'une jeune femme, gardienne d'un passé douloureux et représentant l'infime espoir dans cette tragédie aux airs de Crépuscule des dieux. Avec son opéra chanté via un processeur sonore 16 bits, ses forêts magiques, ses villes de métal rouillé, sa palette de couleurs rappelant par moments celle de W. Turner, sa 2D s'inspirant des œuvres mystérieuses de Y. Amano, son histoire aux multiples personnages tous justes, Square crée en 1994 son Grand Œuvre. Mélancolie, humour, regrets et tant d'autres sentiments si humain, émanent de ce joyau du RPG, résonnant tel une Magicite avec les légendes des temps anciens. Et sans conteste, l'une des plus grandes bandes-son du jeu vidéo, 1000 fois rejouée de par le monde dans des concerts symphoniques où "Dancing mad", diabolique thème final, galvanise son auditoire sous le regard de l'ange rieur de la mort et sa triade surplombant un monde en ruine.

Pourquoi Final Fantasy VI est-il considéré comme le meilleur FF par beaucoup de fans de la série ? Parce que c'est tout simplement ce qu'on peut appeler une œuvre d'art. Oui, en jeu vidéo. Plus mature, mélancolique et plus sombre que ses prédécesseurs, il est aussi beaucoup abouti sur un plan technique : bien plus beau, plus fin au niveau des sprites, et sublime au niveau des décors et des musiques - Nobuo Uematsu signant là une de ses plus belles œuvres. Le système de combat est encore plus abouti, plus travaillé, offrant de grandes possibilités aux joueurs. Le scénario quant à lui, est extraordinaire. Une tapisserie dense tissée par les personnages qui contribuent tous à l'histoire, à cette toile de maître tragique en deux parties. Si certains aspects ont un peu vieilli, notamment dans la narration, certaines scènes, certains passages sont restés cultes, une impression qui se justifie à elle seule par celle de l'opéra (oui) ou du train fantôme (forte par sa symbolique). Les mots me manquent pour dire tout le bien que je pense de cet épisode, si dérisoires devant une telle fresque à grand spectacle, qui se vit littéralement.