1898, au bord des côtes galloises enclavées sous la brume et le crachin, se trouve quelque part proche du comté d'Aberystwyth le monastère du Néméton. Un lieu étrange où les morts côtoient les vivants et où va s'aventurer la mystérieuse guérisseuse Koudelka. Créé par Hiroki Kikuta (compositeur de Secret of Mana), Koudelka est comme la créature de Mary Shelley, un jeu étrange amalgamant survival-horror, RPG et tactical-RPG. Des genres qui parfois s'harmonisent et parfois se désaccordent. Avec ses combats au tour par tour d'une difficulté relative et ses quelques énigmes, il ne sera de toute façon pas bien dur d'arriver au bout des 12h que le jeu propose. Mais ce n'est pas si grave, car la réelle force du titre de Sacnoth, c'est l'héritage littéraire et la brillance d'écriture de son créateur. La justesse des scènes de dialogues, appuyées par un doublage français de grande qualité, serrent la gorge comme un poème de Lord Byron. Et c'est avec des plans fixes rappelant certains films de Robert Wise ou Mario Bava, une plume et du talent (donc 3 fois rien) qu'en 1999, Koudelka était avant-gardiste et regardait déjà vers un jeu vidéo actuel, narratif et toujours en quête d'auteur.

Koudelka part d'une bonne intention : proposer un RPG qui se démarque parmi les nombreux dont disposait la PlayStation à la fin de sa vie. Et pour moi, le pari n'est qu'à moitié réussi. J'ai particulièrement apprécié l'ambiance horreur gothique du jeu, son intrigue qui gagne en épaisseur à mesure de notre progression, son trio de héros, une bonne réalisation et des musiques de qualité. Sans compter que le jeu a bénéficié d'une traduction et d'un doublage en français intégral. Dommage que les cinématiques n'aient pas de sous-titres cependant. Mais s'il y a bien un domaine dans lequel il ne fallait pas se rater, c'était le système de combat, et là, le jeu échoue à proposer quelque chose de solide. Il est révélateur du développement chaotique du jeu, hésitant entre tour par tour et le tactical, sans jamais réussir à choisir. Et qu'est-ce que c'est lent ! J'ai failli m'endormir devant certains combats. Je ne vous dis pas le temps que ça prend pour tuer les boss, ou même un simple ennemi. Ça manque clairement de rythme. C'est dommage parce que si ce point avait été à la hauteur de son ambiance ou de son héroïne, le jeu se serait hissé parmi les grands de la console.