Rez est un shoot en fil de fer où on locke des parallélépipèdes en guise d'ennemis avec de la musique électronique japonaise dans les oreilles. Amis des jeux étranges, bonsoir ! Détruit par la critique à l'époque de sa sortie, encensé par des milliers de retro-gamers aujourd'hui, Rez, c'est noir ou blanc. On aime ou on déteste. Pour ma part, passé mes appréhensions, j'ai découvert le dernier grand jeu de la Dreamcast. Un chef d'oeuvre de chaque instant, loin de ce qu'on a pu en dire (rudimentaire, rebutant, trop court, répétitif, sans intérêt...). Jouer à Rez, c'est s'immerger dans un monde qui n'a rien de commun avec le monde réel. La musique entêtante vous suit jusque dans vos tirs (chaque ennemi touché égale une note) et l'univers en fil de fer n'est pas comme on pourrait le croire rudimentaire. Les effets de lumière, les distorsions, les rotations, le décor en perpétuelle construction, le foisonnement de détails et la fluidité de l'ensemble ne trompent pas, on est bien sur une 128-bit et la réussite visuelle est de chaque instant. Beau, Rez l'est. Court, trop court, Rez l'est aussi mais comme c'est un jeu hypnotisant, une fois accroc, on y joue toujours et sans cesse.

Complètement déroutant ou au style trop décalé, Rez sur Dreamcast ne laissera pas indifférent ! Ici, on est transporté dans un autre monde, celui d'un univers du néant sans fin, d'un puit sans fond. C'est ce que j'ai aimé dans ce jeu : cette habilité à pouvoir créer quelque chose d'unique, cette capacité à trouver une idée géniale pour faire du jeu vidéo ! Graphiquement, comme musicalement, tout est si singulier, que Rez est un véritable hybride. Pour les autres, il s'agira d'un jeu tellement atypique, qu'ils n'adhèreront pas, mais pour sûr, entamera leur perception du 10ème Art. Bien sûr, c'est du shoot, mais on peut allègrement dire qu'il y a un brin de puzzle game et de party game dedans. L'art de jouer avec les sons, et de créer ou de recréer un monde jusque là proche d'un véritable trou noir dans l'espace ! Où sommes-nous ? D'où venons-nous ? Qu'allons-nous devenir ? Quel est cet univers ? Chaque joueur pourra laisser libre cours à son imagination. Et Rez sur Dreamcast, de part ce qu'il offre comme dépaysement et avec ces airs de jeu prototype, leur donnera de quoi s'évader !

Rez, précurseur d'un jeu vidéo cherchant l'expérience musico-sensorielle. Rez, simulateur de tripe sous substance. Rez, ou la volonté de faire de la VR hypnotique avant l'heure. Rez, la merveille de T. Mizugushi qui a mis à l'amende plus d'un testeur à sa sortie fin 2001, est une figure de style de l'histoire vidéoludique à travers celle de l'homme. En partant des origines du monde, pour ensuite traverser plusieurs époques jusqu’à la réincarnation à la manière d'un 2001 : L'Odyssée de l'Espace, Rez est un voyage astral porté sur une bande sonore expérimentale, éclectique et déchaînée. Rarement un jeu n'a assumé autant sa condition et son histoire vidéoludique tant il va loin ; jusqu’à se soustraire de toute forme d'habillage de texture pour apparaître dans son plus simple apparat : des volumes 3D fil de fer inspirés des travaux de Kandinsky tels des vieux jeux Arcade rehaussés de couleurs et de motifs picturaux. En intégrant le concept simple et redoutable d'un shoot em up à la Panzer Dragon, tout en ayant la mystique d'un boss final de Radiant Silvergun, Rez est intemporel, indémodable, mystique et se réincarne à chaque génération avec la même pertinence.