Après l'apocalypse nucléaire, deux héros punks et bodybuildés se baladent dans les rues d'une ville dévastée et infestée par des méchants très méchants. Two Crude Dudes est le Mad Max du Beat'em all. Plus que le Rock FM qui nous grésille dans les oreilles, les bruitages ultra-répétitifs à base de "Beuarg", de "Paf", de "Clang" et de "Heuar" résument toute la poésie de ce titre. Les graphismes sont une sorte de synthèse du mauvais goût qui régnait à cette époque (les fameuses années 80) : couleurs flashies, design grotesque, sprites pas fins et pas animés et murs couverts de graphitis moches. Il n'y a aucune profondeur et les persos se déplacent comme des hiéroglyphes. Bref, Two Crude Dudes, c'est outrageusement kitsch... Mais pas forcément nul. Le jeu a un petit côté Comics de seconde zone, un peu décalé, avec des phonogrammes très BD ("CLANG") qui accompagnent les fameux bruitages. Il est aussi possible de soulever un pan de mur entier ou des voitures pour assomer nos ennemis. Ce qui est toujours très amusant. Difficile pourtant de jouer plus d'une heure à Two Crude Dudes quand on a goûté à Final Fight ou à Streets of Rage.

Two Crude Dudes est d'un goût limite pour beaucoup, mais vu mes goûts pour l'imperfection de certains titres (qui se révèle être une force parfois), cela m'a plu ! Je comparerai le soft à deux autres : Fatal Fury sur Neo·Geo et Streets of Rage sur Megadrive. Pour le premier, il est écrasé par son côté vieillot aux yeux de sa suite par exemple, à savoir Fatal Fury 2. Une sorte d'obsolescence provoquée par des capacités plus grandes en avançant dans le temps. Two Crude Dudes, c'est un peu tout ça à la fois. Une réalisation un peu grotesque, vieille déjà à cette époque, en résulte un jeu qui tâche à force, dont on se souviendra pas. Toutefois, j'ai aimé ce décalage humoristique proposé entre une cartouche handicapée et une volonté de créer un jeu bourrin qui ferait rire ! Selon moi, cela fonctionne, surtout si on accepte de prendre le tout sous le ton du cartoonesque. Pour le second, le parallèle reste évident, même s'il y a un monde qui les sépare. Avec SoR : mêmes rues malfamées et mêmes petites frappes qui veulent en découdre ! Mais Two Crude Dudes a la force de proposer un certain fun et quelque chose de bien gras sur les côtés. Ces gros balèzes m'ont en effet fait bien rigoler !

Two Crude Dudes a un côté délibérément kitsch. En gros, imaginez un beat'em all dans le monde post-apocalyptique de Ken le survivant. C'est délibérément bourrin, avec un petit côté comics un peu trash, en témoignent les bruitages qui s'affichent à l'écran, et les graphismes sont plutôt colorés pour la console, mais d'un mauvais goût totalement assumé et pour tout dire, pas forcément déplaisant. La couleur des ennemis n'est pas anodine non plus car elle témoigne de leur force et du nombre de coups pour les détruire, seuls les boss et demi-boss ont une barre de santé visible. Une bonne idée. Certains ont même des attaques assez originales. Mais voilà, le jeu montre trop vite ses limites. Lorsqu'on a fait les Streets of Rage sur la même console, on regrette qu'il n'y ait pas plus de coups à disposition. De plus, j'aurais bien aimé pouvoir choisir mon "dude" en solo... Certains ennemis sont très coriaces et combattre sur une ligne donne l'impression qu'ils arrivent en file indienne. En résumé, Two Crude Dudes est un jeu défoulant, pas forcément de bon goût, mais s'est vite retrouvé dépassé par la concurrence sur la console de Sega. Dommage, il y avait de l'idée.