Dark Souls est un des meilleurs jeux de la 7e génération de console, et une des plus grandes expériences que j'ai vécu dans ma vie de joueur. Suite spirituelle de Demon's Souls, Dark Souls en reprend les bases en posant désormais un univers mythologique complet. Fruit du travail d'une toute petite équipe, DS est un jeu de passionnés , de VRAIS passionnés, à la fois pour le RPG occidental et la Dark Fantasy. Il s'agit pourtant d'un jeu 100 % japonais. A l'heure où nous sommes inondés de jeu pop corn aux graphismes magnifiques mais génériques, aux parcours en couloirs et à la difficulté inexistante, DS reprend à rebrousse poil le joueur. Le jeu est difficile, très difficile, ou disons plutôt exigeant, très exigeant. Pour le parcourir vous devez être courageux, téméraire, et concentré. Chaque coup est précis et réfléchi. Si vous mourrez, c'est toujours de votre faute. Ce jeu pousse le joueur à constamment se dépasser, et quel plaisir lorsqu'on y arrive ! La narration passe en sous-texte à travers le descriptif des items et les temps de chargement. Le level-design est un modèle d'imbrication et d'intelligence, et le gameplay est d'une richesse inouïe. Un grand, très très grand jeu.

Au début, il y avait l’âge des dragons, le temps n’existait pas, mais un jour la première flamme apparue, je n’ai pas assisté aux combats entre les dragons et les dieux, je suis né bien après que les dragons aient disparu et que les dieux ont pris le pouvoir. Je suis ce qu’on appelle un mort-vivant et non une carcasse qui eux ne sont plus sains d'esprit, et comme tous les morts-vivants, je suis marqué par la marque sombre, qui me ressuscite dans le feu de la première flamme a chaque fois que je meurs. L’âge du feu était sans fin et puis un jour, je l’ai vu arrivé, l’élu, celui qui allait mettre un terme a tout ça, je l’ai observé se battre sans répit, tombant et recommencent encore et encore, se nourrissant d'âme pour devenir plus fort, les récupérant à l'endroit de sa mort, changeant de stratégie selon l’arme ou la magie qu’il maniait. J’ai été témoin de sa présence dans le domaine des dieux ou dans les ténèbres les plus obscures à pourfendre les anciennes idoles dans des combats qui vous marque a vie. L’âge du feu est toujours la, et pourtant, j’ai l’impression que quelque part, dans un futur, dans une autre dimension cette histoire va changer quelque chose.

J'ai acheté ce jeu à sa sortie, mais je l'ai trouvé tellement frustrant que j'ai vite lâché l'affaire. Je ne devais pas être mentalement préparé à me lancer dans cet A-RPG punitif à souhait. Toujours est-il qu'au final j'ai recommencé le jeu, et je ne l'ai pas lâché une seule fois. Il est vraiment rafraîchissant, et la direction artistique est magnifique. J'adore cette Dark Fantasy, hyper classe. Et ne parlons pas du level design qui relève du génie absolu. Tout en verticalité. C'est vraiment impressionnant, tous ces embranchements et ces raccourcis. Le jeu a la réputation d'être punitif. Il l'est, c'est vrai, mais on s'y fait. Au début on a peur de perdre ses âmes mais c'est pas grave. On en grapille quelques unes, on augmente ses stats. On tombe sur des armes puissantes, etc. Les boss sont ultra-charismatiques, le jeu est énigmatique, son univers étant subrepticement détaillé par des infos sur des objets ou de rares dialogues avec des PNJs, laissant au joueur une libre interprétation. L'ambiance y est lourde, on y entend des claquements, des grincements, des grognements... Tout ça participe à cette étrange atmosphère qui nous absorbe littéralement, malgré les Game Over.

J'ai abordé Dark Souls avec de grandes appréhensions, tant on me promettait un soft fait pour les masochistes, à la difficulté extrême. Certes, le jeu est d'une difficulté bien supérieure aux standards actuels, et on comprend aisément qu'un joueur ayant l'habitude d'une sauvegarde toutes les 30 secondes trouve la pilule très dure à avaler. Pourtant, le titre est surtout exigeant, et il en ressort une satisfaction incroyable lorsqu'on arrive enfin à prendre le jeu en main, tout en sachant que chaque faux pas peut entraîner une sanction. Le côté multijoueur, discret, est extrêmement bien pensé, et apporte un plus, accessoire mais très plaisant. L'univers, Dark fantasy à souhait, se dévoile à la manière d'un puzzle, avec sa mythologie propre. Les tableaux sont tous interconnectés dans une map immense et unique, avec un level design excellent et décisif dans le gameplay. DS se mérite, et pour le joueur suffisamment tenace, reste un soft inoubliable.

Loué soit le soleil, se dit la carcasse lorsque se dessine les plus hautes flèches de la cité d'Anor Lando irradié par une lumière angélique. Mais elle se dit également, loué soient les ténèbres quand résonnent les sanglots de Quelaan depuis les abysses. Et loué soit Fromsoftware se dit le joueur, alors qu'il contemple ce prodige de level design faisant résonner à portée de manette un savoir-faire rappelant les bâtisseurs de cathédrale. Peu de jeux peuvent se vanter d'avoir une conception aussi intelligente que celle de l'univers de Dark Souls tant il est un tout. Cet Action-RPG à la noirceur d'obsidienne joue avec la mort dans un gameplay fondateur, dont l'influence est aujourd'hui encore très forte. Il met à l'épreuve jusqu’à l'épuisement le joueur qui envoûté, ira jusqu’à se réveiller la nuit pour trouver la stratégie du boss sur lequel il a abandonné la veille. Si Demon's Souls avait posé les fondations, Dark Souls est une catharsis d'un passé vidéoludique et projette vers le ciel sa vision unique du jeu vidéo. Dark Souls n'est pas le meilleur jeu ou J-RPG de sa génération. En créant ses propres codes, il va bien au delà de tout ça. Dark souls est un Ourobouros.