On a ici un cas unique en son genre. Le Vaporware du millénaire est enfin entre nos mains. Alors bon ou mauvais ? Je serais tenté de dire ni l'un ni l'autre... Vous avez devant vous un jeu d'une autre époque. Comme pour le film The Expendables, je serais tenté de dire que ce Duke Nukem Forever est le meilleur jeu des années 90 sorti en 2011... Une ode à l'age d'or des FPS des années 90. Alors oui le jeu est vieillot, mais il est blindé d'un humour passé et rempli de référence ancienne. Un joueur d'aujourd'hui n'ayant pas vécu cette époque ne pourra pas les comprendre et ne sera pas dans le trip. Il ne verra que les défaut du jeux, les graphisme douteux, le gameplay fait à l'arrache. Ce jeu est un jeu d'un autre temps, rien que par son moteur physique et graphique. Mais quel pied quand même pour ceux qui veulent revivre une époque révolue d'un FPS sorti 15 ans trop tard ! Pour lui donner une note équitable, il faudrait prendre une machine à remonter le temps et le noter par rapport aux critères de l'époque. Alors oui, ce n'est pas le jeu du siècle, mais il mérite le détour et ce serait dommage de passer à côté.

Effectivement, c'est cool quand le Duke sort des « punchlines » débiles, c'est-à-dire à peu près toutes les trente secondes. Le début est cool aussi avec beaucoup d’interactions avec les objets (faire des haltères, boire de la bière...). Mentions coolesques aussi à certaines séquences comme le fait de conduire un Buggy en modèle réduit... Mais si Duke Nukem Forever s'apprécie comme de la bière, le problème, c'est que cette bière n'est pas toujours de première fraîcheur ! Brouillon, pas spécialement inspiré en terme d'action et extrêmement décousu, le jeu propose vingt-trois niveaux courts et inégaux. Le tout s'enchaîne mal avec des temps de chargements d'une longueur phénoménale. Mourir plusieurs fois sur une même séquence devient même un supplice car à chaque mort, la partie se recharge pendant trois plombes comme au bon vieux temps des Amstrads à cassette audio. Reste l'ambiance badass et l'humour bas du front, à la hauteur de la Légende.

Voilà un jeu qui aura bien pris son temps pour sortir. Et si Duke Nukem Forever ne révolutionne en rien le FPS, ça reste un jeu plutôt sympa dans l'ensemble. Bon, si quelqu'un n'accroche pas à l'humour du Duke, il risque de vite être lassé. Mais ce qui agace le plus ici, ce sont les temps de chargement qui sont nombreux et assez longs. En plus de ça, j'ai trouvé que la difficulté était assez élevée par moment : quand on perd plusieurs fois (surtout devant un boss) et qu'il faut à chaque fois attendre que ça recharge, ça démotive vraiment. Heureusement, le jeu a tout de même quelques bons points. Déjà, même si ça reste linéaire, c'est tout de même bien dynamique et les niveaux sont, je trouve, assez variés. On se retrouve parfois avec un Duke miniaturisé ou encore au volant d'un monster truck. Et puis, on peut parfois trouver quelques mini-jeux qui permettent de se détendre entre deux moments explosifs. Peut-être pas le FPS que certains auraient souhaité mais un bon jeu quand même, sans plus, qui change des habituels Call of ou autre Battlefield !

Fusillé à sa sortie, après tout le mélodrame que l'on sait, Duke Nukem Forever a pourtant été pour moi une joyeuse retrouvaille ! Quel plaisir de retrouver ce bon vieux Duke ! Le bougre m'avait sacrément manqué ! Alors oui, ce jeu a 10 ans de retard, oui il a été fini à la truelle tant bien que mal et a des défauts inacceptables (bon sang, ces loadings !), mais bon, qu'est-ce que j'ai rigolé ! Les punchlines bien grasses s'enchainent avec délice, et c'est un cruel dilemme que de choisir entre la VO et la voix mythique de duke, ou la VF, avec le doubleur de Schwarzy ! Niveau armes, aucune nouveauté ! C'est quand même la honte, et même le bestiaire reste inchangé. Niveau level design, on alterne entre de catastrophiques couloirs (surtout en 1ere partie) et du très très sympathique, avec de grandes zones ouvertes en plein nature à traverser à dos de bungie, les passages les plus travaillés du jeu, clairement. J'ai également beaucoup aimé le level où Duke rétrécit. Bref, passé un aspect vieillot et pas fini, DNF réserve malgré tout de bons moments et de franches rigolades, et je ne lui en demande pas plus, à part peut-être de régler ces satanés problèmes de chargement, antédiluviens !

N’aurait-il pas mieux valu que Duke Nukem Forever ne sorte jamais ? Qu’on le découvre sur le tard par le heureux hasard d’une fuite sur le net ? Ces questions méritent d’être posées, parce que le jeu, tel qu’il est sorti en 2011, n’est objectivement pas bon, et sans doute pas une suite digne d’un monument tel que Duke Nukem 3D. Le gameplay de ce « doom-like » est resté en 1996, à peu de choses près : basiques et rigides, les contrôles font dans le minimalisme, ce qui est suffisant pour parcourir des couloirs, bombarder tout ce qui bouge, arriver dans une salle, et bombarder encore et toujours tout ce qui bouge. Quelques passages viennent rompre cette monotonie (notamment les phases de buggy, ou quand le Duke est rétrécit), mais le fond de jeu reste pauvre, même pour un gameplay de 1996. Pourtant, l’humour complètement beauf et assumé, encore plus savoureux (surtout) si on le prend au second degré, est une réussite dans son genre. Duke traverse ainsi tellement de situations débiles que son univers de macho dopé aux stéroïdes et à la bière n’en est que plus logique. Je voudrais détester Duke Nukem Forever que je n’y arriverais pas : c’est un mauvais jeu certes, mais plaisant !

Je trouve mes très estimés collègues assez indulgents envers ce jeu. Mais allez, rigolons un peu, et j'en ai tout de même honte, je fais partie de ceux qui ont acheté l'édition "Balls of Steel" du jeu. Tout ça pour ça, sincèrement ? Tant d'années d'errances et de rebondissements pour une grosse déception au final. Si je ne m'attendais pas à ce que le jeu soit une claque graphique, j'en attendais tout de même largement mieux sur pas mal de points, à commencer par le level-design. Les niveaux du 3D faisaient tout pour varier les plaisirs, avec des cartes très étudiées, en jouant notamment avec la verticalité. Ici, vous suivez des couloirs, et les tentatives de varier le gameplay sont crispantes. Les sessions de boss ne sont même pas amusantes. Même la fin du jeu n'est pas arrivée à me satisfaire, sans parler de l'humour assez douteux du titre. Et qui a eu l'idée de limiter l'armement du Duke à seulement deux armes ? Le personnage étant une parodie de héros de film d'action, le fait de pouvoir porter tout son arsenal aurait tout de même été cohérent. Mais je dis tout de même merci à ce jeu : il m'a rendu plus méfiant, et plus jamais je n'achèterai un collector aveuglément.