D'Elden Ring au 1er Dark Souls, carnet de bord à rebours, Part I

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Wizzy
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Dark Souls fut mon "Astre Noir", le jeu que je craignais le plus et qui dans le même temps m'attirait inexorablement... Pour toucher du doigt cette œuvre qui me paraissait inatteignable, et avant d'y parvenir, j'ai fait quelques jeux de sa lignée (pas tous, il manque à l'appel le descendant Demon's Souls ou sa suite directe Dark Souls II...). Et puis j'ai fini par jouer à Dark Souls, premier du nom...

Petit retour sur un voyage que j'ai fait à l'envers, et un peu dans le désordre...


Amateur d'Heroic Fantasy depuis la lecture de mes premiers livres dont vous êtes le héros (le Labyrinthe de la Mort, la Cité des Voleurs ou la série des Loups Solitaires, avec les illus de Gary Chalk, pour citer les plus marquants) aux parties de plusieurs heures sur Talisman (un jeu de plateau, toujours illustré par Gary Chalk) dans les années 80, je retrouvai dans Dark Souls cet imaginaire qui avait nourri mon enfance, jusque dans l'allure austère de notre avatar : un chevalier en armure de fer, armé de son bouclier et de son glaive.

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Illus de Gary Chalk. Découverte de la Sword and Sorcery, de Dark Crystal et de Conan le Barbare, à l'âge de 7 ans. Marqué au fer rouge, je suis !

Sorti en 2011, Dark Souls s'adressait aux Hardcore Gamers selon la presse spécialisée et le retour unanime des joueurs, un jeu qui définissait par la manette une nouvelle élite à laquelle je me refusais d'appartenir car -et c'est une affirmation, poing levé- : je ne me suis jamais considéré comme un bon joueur. Plutôt mauvais même, le genre tricheur, roublard, cherchant la faille et manquant de patience.

Si j'aime les shoot, c'est qu'il y a beaucoup de continue et/ou un mode "easy". Si je finis par atteindre les crédits de fin dans un Sonic, je préfère tout de même refaire cent fois "Green Hill Zone". Un petit point and click ou un bon puzzle game ? Rien d'évident mais au moins, la mort n'est pas là pour me fesser. Et pour Skyrim, The Witcher et j'en passe, la montée en niveau, ça aide bien à tabasser du dragon et des armées de squelettes... Je me suis toujours dit, par décret, que je n'étais pas fait pour Dark Souls à la vue de sa réputation, en dépit du côté justement "RPG" et "level-up"... Je n'aime pas la difficulté pour la difficulté, et encore moins le challenge pour me prouver que je suis capable de quoi que ce soit, je ne joue pas pour ça.

ELDEN RING

En 2021, le trailer annonçant Elden Ring me tapa dans l'œil : George R Martin et Hidetaka Miyazaki, Game of Thrones et Dark Souls ! Le lore énigmatique, magnifié par des illustrations dignes des peintures du 19ème siècle (une période où les romantiques revisitaient les épopées du passé)... Doublée de l'imagerie médiévale qui me fascine... C'était un billet d'entrée pour moi. On parle d'Open World, un élément qui diluerait la difficulté et l'oppression du 1er Dark Souls. Banco, je me jette dans l'Aventure et je débutais en avril 2022 (quelques semaines après sa sortie) Elden Ring sans m'imaginer la suite.

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Entre avril et juillet, 10 heures de jeu à me planquer dans les bosquets, façon infiltration, à tuer une chauve souris géante ou un pauvre soldat dans le dos, avant de courir vers l'un des deux ou trois sites de grâce débloqués. Un chevalier en armure dorée devant une église, d'autres auraient foncé, moi j'esquive. J'ai une peur intense, immense, la plus monumentale qui soit, dans le bide. L'angoisse de progresser sur une map où tout n'est qu'adversité, je savais qu'au bout il y aurait un boss, LE premier boss.

En juillet, j'ai décidé de me consacrer entièrement au jeu, et de prendre mon courage à deux mains. J'esquive toujours le chevalier en armure dorée et j'arrive péniblement devant Margit qui garde l'entrée du château de Voilorage, premier obstacle majeur du jeu. Je n'avais fait aucun autre boss avant, encore moins les quelques grottes pour débutants ou l'immense Dragon qui languissait dans le lac de Nécrolimbe. Premier choc, sa vitesse de déplacement est démente, il est imprévisible et les dégâts qu'il commet sont dignes d'un boss final qu'on trouverait dans d'autres jeux. Premières défaites à répétition...

De la souffrance naît l'obligation de trouver des solutions, de comprendre les esquives et les meilleurs moment pour se healer et attaquer. Invoquer des loups pour faire diversion et augmenter les dégâts fut ma clé pour passer cet obstacle.

Le château de Voilorage est un pandemonium, je découvre le "dur" comparable à ce que je trouverai plus tard dans un Dark Souls avec un premier donjon majeur où chaque mètre gagné, chaque progrès constitue un exploit. C'est suffoquant, je décide alors d'explorer ailleurs pour m'aguerrir : tout Nécrolimbe (enfin une grosse partie, des grottes et des catacombes, des ours, quelques boss secondaires), le château tout au sud, puis Caelid au pas de course. Je fais quelques trouvailles : un gros bouclier qui crache des flammes, je décide de me planquer derrière pour asperger mes ennemis.

Bien entendu, je finis par trouver un coin où farmer, car je découvre que monter en niveau permet de battre des ennemis qui nous explosaient auparavant. Et je découvre que farmer est agréable, chill, permet de progresser sans stress, de procrastiner, d'éviter le danger tout en y réfléchissant.

Les phases de farm font partie intégrante du jeu et j'en ai terriblement abusé lors de mes débuts sur Elden Ring, au point d'affronter Godrick le greffé, deuxième boss majeur (sur un total de 18, soit le début de l'aventure), niveau 61 après 49 heures de jeu ! Je l'ai first-try (mon level était un peu trop haut apparemment) en hurlant ma joie !

La suite fut nettement plus sereine, même si j'allais cracher des glaires, du sang, goûter à la Malemort, la trouille s'en était allé ! Je commençais a tenter tous les mobs plus grands que moi et tous les boss que je croisais, à me libérer, à prendre véritablement du plaisir en défiant l'adversaire, tout en comprenant un peu plus les mécanismes du jeu (les cendres de guerre notamment).

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Je pense que la véritable bascule s'est fait après Godrick. Je découvre, sans le filtre de la peur, la magnificence du jeu, Liurnia en l'occurrence avec son marais (oui un marais peut être inspirant) et son académie. Depuis Necrolimbe, je découvre aussi un monde souterrain les yeux grands ouverts. La peur laisse place à une admiration sans borne devant un monde aussi vaste et aussi beau. Les surprises s'enchaînent, les boss m'émerveillent ! Radhan, boss majeur, emblématique, est rude mais alors, quel combat ! Ce festival avec tous les PNJ, cette arène gigantesque, cette symphonie dans les oreilles, ce météore en phase 2 qui déchire tous les sens ! Ce fut tellement épique que j'ai mis au moins 30 minutes pour m'en remettre.

D'autres boss sont plus simples à vaincre mais ils me marquent à jamais :
-le sous-coté et court sur pattes Makar, dragon magma, baignant dans un sublime clair obscur avec les mouvements rapides de la salamandre,
-Loretta, la magistrale cavalière royale, et sa monture fantôme, avec son animation sublime de course dans une arène respirant le matin calme des Highlands d'Ecosse,
-l'Esprit ancestral royal, un immense cerf spectral, flottant, majestueux. Sur ce combat, je ressens l'inspiration Shadow Of the Colossus avec la pénible mise à mort d'une créature moribonde, qui se défend contre l'agresseur, moi (sensation retrouvée devant Sif, le grand Loup gris dans le 1er Dark Souls). La musique de ce dernier est ma préférée de tout le jeu.

Je rencontre l'intrigante Ranni avec son grand chapeau de sorcière et l'histoire, que je perçois plus que je ne la comprends, gagne un soudain intérêt. Plus je progresse, plus le jeu prend une ampleur phénoménale : Nokron, cité souterraine d'une noirceur minérale, Leyndel, capitale incroyable, immense, structurée autour d'un titanesque dragon pétrifié, cachant hauteurs et tréfonds. J'atteins cette splendeur qu'est l'Arbre d'Elden (qui est plus gros de près que de loin, c'est une certitude) et je ne suis pas au bout de mes surprises.

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La Cime des Géants qui suit est une zone enneigée, et c'est l'épreuve du feu ! Le jeu atteint un pic de difficulté insoupçonnable. Je suis déjà haut niveau (niveau 100 dépassé) et certains mobs me one shote ! Le Géant de Feu est le boss qui m'a fait le plus souffrir, tous jeux réunis. J'ai failli abandonner à ce moment-là. Jouant corps à corps avec une armure de deux tonnes cinq et une petite épée, je ne sais pas comment passer sa P2 à base d'AOE mortelles et une visibilité plus que réduite. Le Géant étant IMMENSE. Conseils avisés et encouragements sur les RS de la part de M. Iglou. A dos de Torrent (qui supporte bien du poids), je m'en vais taillader vaillamment ses tibias à ce Fire Giant ! Le nombre d'essais ne se calcule pas, les larmes et les atermoiements ne sont rien, seule la victoire compte au bout !

Prendre un grand bol d'air, une fois mon office terminé (brûler au hasard un arbre titanesque pour des raisons purement politiques) et je découvre, sans trop de transition (ma mémoire me joue des tours sur l'enchainement des péripéties), avec stupeur (et tremblements) les Ruines de Farum Azula, ses tornades et ses dragons qui font parler la foudre. Nouveau choc esthétique après Leyndell.

Le gardien des lieux, Maliketh (dans sa P2 donc) est gracile, le boss le plus impressionnant à mes yeux. Je suis hypnotisé par son allure et sa vélocité. La mise en scène qui l'introduit, ses attaques en rafale mais aussi son occupation féline de l'espace, de pilier en pilier, et j'ai accepté chacune de mes défaites, nombreuses. Ce fut moins le cas avec l'abominable duo Sanctechair contre qui j'ai fini par la jouer planqué en invoquant tout le monde (ma Mimic et un chevalier dont j'ai oublié le nom, paix à son âme)...

La fin a fini par arriver, d'autres combats dont un, explosif, contre Godfrey, 1er Seigneur d'Elden / Haorah Loux qui se bat à mains nus ! Je ne dirai jamais que ce fut une formalité (Radagon/Elden Beast en double boss final m'a épuisé mentalement), mais j'ai vécu toute la dernière partie comme un accomplissement, l'aboutissement du périple et ce que je croyais être une fin en soi.

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J'ai terminé la quête de Ranni d'Elden Ring dans la douceur de Septembre en ayant dépassé les 150 heures de jeu, après les chaleurs étouffantes des défaites successives. Pensant que j'avais soldé mon compte avec le genre "Souls" et le jeu Dark Souls (sans y jouer, la bonne affaire), j'avais soigneusement évité la zone la plus au nord abritant une certaine Malenia et ne soupçonnait même pas la présence de boss comme Placidusax et Mogh, bien planqués...

L'après Elden Ring a été une drôle de période pour moi, j'ai été atteint d'une petite frénésie et surtout une folle envie de rattraper le temps perdu, de jouer à des jeux que j'avais laissé de coté, pensant qu'ils n'était pas fait pour moi en termes de difficultés. Je pense en particulier à Hollow Knight qui m'a profondément marqué en 2023. Je n'avais même pas perçu que ce metroidvania avait de sacrés points communs avec le genre des "Souls".

BLOODBORNE

Les mois se suivent, et puis j'ai fini par tenter un Souls-like à la française, Steel Rising. Suit ensuite Thymesia, un Sekiro-like et Mortal Shell, un DarkSouls-like, deux jeux intenses, hardcores et de courte durée. Ce sont clairement des actes manqués, une nouvelle façon de procrastiner pour ne pas jouer à Dark Souls, qui depuis la fin d'Elden Ring trotte de manière badine dans un coin de ma tête. Je finis par retenter l'expérience FromSoftware via un autre chemin détourné : la variante gothique et lovecraftienne de Dark Souls, j'ai nommé Bloodborne. Comme, le jeu a la réputation d'être relativement court et d'être plus accessible que son ainé, je me laisse tenté.

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Je tente aussi, car je porte Lovecraft en référence absolue en matière d'épouvante. Il est l'auteur d'une longue nouvelle, Les Montagnes Hallucinées, que j'estime être un pur chef-d'œuvre du genre, et il est en partie responsable de mon envie d'écrire, jusqu'à tenter de le pasticher.

Ce que je trouve d'emblée remarquable avec Bloodborne, c'est que l'horreur est double. La première partie se concentre sur l'épouvante gothique, classique, typique des films de la Hammer avec ses cimetières brumeux, ses croque-mitaines et ses loups-garous. Le côté lovecraftien ne se dévoile que lorsque se révèle l'invisible avec l'apparition de la Lune Sanglante (à la mort de Rom, un boss rampant, une divinité littéralement immonde). Le gothique laisse place alors au "cosmique".

L'astuce, que j'apprécie tout particulièrement, est d'avoir imbriqué dans le jeu ces deux composantes de la même manière qu'elles se suivent historiquement. Lovecraft est le digne héritier d'Allan Edgar Poe et de William Hope Hodgson ; il a ajouté une grosse pincée de science fiction (les Grands Anciens, des dieux cosmiques qui dépassent l'entendement humain) dans le genre intouchable des fantômes et des Loups-Garous. Les entités difformes venue du fin fond des galaxies ont remplacés les revenants dans les vieux manoirs. Et la folie, seul refuge désormais pour l'homme sans défense, a remplacé la peur.

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En plus d'être une petite synthèse, respectueuse du genre horrifique, donc, Bloodborne déploie sa farandole de monstres (effroyables, indistincts, qui se transforment) sur une difficulté totalement raccord, particulièrement hardcore, étouffante. Le jeu vrille dès les premiers instants passé à Yarnham, que j'aime à appeler la ville "tentacule", avec une pelletée de citadins qui nous assaillent dès notre sortie de la clinique Iosefka. Le tout premier boss majeur, le Père Gascoigne, est un test de résistance à la souffrance. Le bougre révèle son vrai visage avec une P2 d'une brièveté et d'une intensité telle qu'elle m'a fait disjoncté.

"Vous allez mourrir à quelques centimètres de sa fin !" semblent s'amuser les gentlemen qui officient chez FromSoftware, une tasse de thé à la main. Se faire mitrailler comme en 40 par un sniper qui se niche dans une haute tour, alors que 10 mobs griffus vous assaillent de toutes part, c'est aussi du biscuit FromSoftware, canelle et bergamotte. A tremper de préférence dans un café bouillonnant.

De la souffrance raffinée. Sur les Bois Maudis qui bordent Yarnham, jusque dans son ambiance d'une noirceur âcre et le nombre d'embuscades, jusque dans ces ennemis qui barbouillent dans la fange, c'est un endroit qui m'a laissé peu de répit. Un moment "sinistre" à vivre. La vision des porcs géants (qu'on retrouvera en toute fin de jeu sous une autre forme encore plus dégueulasse), puis les Ombres de Yarnham, qui font office de boss de la zone, m'ont plombé le moral. Littéralement. Les Ombres sont au nombre de trois ! Un boss en trinôme !... Elles ne sont pas difficiles en soi, mais le simple fait de découvrir trois barres de vie m'a miné, surtout après un tel chemin.

Ensuite, il y a le Village Invisible qui est une zone sur laquelle j'ai été dans un long, très long, trop long état de panique, à sprinter pour esquiver des dizaines d'ennemis qui se renouvellent si on n'abat pas des mobs à clochette, et à faire face à toutes sortes d'atrocités non identifiées faisant deux fois notre taille. Dont une nous adressant un laser à contre-temps, mortel assurément.

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La vision d'horreur de "Celui Qui Renaquit" achève d'en faire, pour ma part, une des zone la plus "effroyables" qu'il m'ait été de jouer, tout souls confondu (je la mets à égalité avec le Tombeau des Géants de Dark Souls I et l'accès à la Cathédrale des Profondeurs dans Dark Souls III). Absolument aucun espoir de respirer. Inutile d'être soulagé une fois passé un obstacle, un autre danger vous attend. L'autre difficulté, qui a rajouté au découragement, est de devoir farmer potions de santé et balle de revolver entre chaque défaite.

Bizarrement, je n'ai pas trouvé les boss (que j'ai affronté) particulièrement difficiles. Vous me direz, je n'ai pas fait les "fameux" boss du DLC et je pense avoir esquivé les plus durs coté boss optionnels. Passé le Père Gascoigne, pour une Amélia qui se terre dans sa cathédrale, de fort belle manière, et qui m'a terrifié, un first try curieux sur un non moins drôle de boss (les Sorcières d'Hemwick) mais aussi de gros punching balls comme Paarl Sombrebête ou Amigdala où ma stratégie s'est limité à taper sans fin. Ce dernier boss, monumental en taille, je l'ai vaincu, en bourrinant comme un forcené dans ses pattes, sans voir grand chose, et avec la canne-fouet des débuts !

Le style de combat, agressif, puisqu'il est possible de regagner de la vie perdue en ripostant immédiatement, m'a paru particulièrement efficient sur les boss. En revanche, je n'ai pas réussi à bien maîtriser la parade au pistolet pour exécuter un coup critique. Mauvais timing, mauvais placement (souvent trop loin pour enchaîner), j'ai gaspillé un nombre incalculable de balle pour quelques réussites et j'ai parfois détourné l'usage consacré du pistolet pour grapiller quelques millimètres de la barre de vie adverse.

J'ai trouvé les dernières zones, celles des cauchemars, nettement plus redoutables que les boss eux même : Micolash m'a paru bien moins effrayant (même si un peu pénible quand même) que les couloirs qu'il arpente et la Nourrice de Mergo est plus impressionnante, avec ses tissus voletants et son allure de faucheuse (magnifique même) qu'elle m'a paru compliqué à atteindre, et à battre (en dehors d'une P2 un peu aléatoire, sur laquelle, je n'ai fait qu'esquiver). Pourtant, j'en reviens toujours à la souffrance, pour un boss facile, combien de mobs qui vous surprennent jusqu'à ce que mort (ou folie) s'ensuive ?

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Bloodborne fut une souffrance, un escarre dans ma chair. Et au bout du chemin, plutôt que d'affronter Gherman, le chasseur qui nous a recueilli, j'ai choisi ma fin, la tête tranchée. Le sage retrait plutôt que la souffrance. 36 heures de jeu, intensément vécues. Même si à côté d'Elden Ring et des Dark Souls, c'est bien moins de temps enduré, j'ai vécu une expérience totalement à part avec Bloodborne. Corporelle. Poisseuse. Chimique. Languissante et toxique.

ELDEN RING

Le 17 juin 2024, tout le monde parle de la sortie imminente de Shadow of the Erdtree, le DLC d'Elden Ring destiné à ceux qui font du tapis de danse contre Malenia, les yeux bandés.

J'ai dit : "j'aime bien mais quand même, je ne me sens pas encore prêt. Il y a Dark Souls III, au moins, à faire avant." D'autant qu'en deux ans, l'eau a coulé sous les ponts. je ne me souviens plus des touches, du maniement de mon gros chevalier et des emplacements des menus, des sous-menus et autre joyeusetés. Dans ma précédente partie, je n'avais pas osé affronter Malenia qui semble être un cap symbolique, optionnel certes, mais important à franchir pour pouvoir espérer survivre dans le futur DLC. J'estimai vraisemblable, à l'époque, qu'un ou deux boss seraient au moins aussi durs, ou plus durs, que Malenia. Et Mogh, ce dernier était l'ultime clé pour accéder au DLC et je n'avais pas une fieffée idée de l'endroit où il se trouvait. Sur une map de la taille de 3 continents partagé entre l'horizon connu et les sombres souterrains, j'étais déjà découragé avant même de commencer.

Le 18, je vois un nouveau trailer, il reste deux jours. Les visuels sont trop beaux, toutes ces flammes, ce fourneau géant, ce Lion Dansant avec son gros minois et sa folle danse, c'est vraiment trop craquant ! Je ne peux pas résister ! Sur un coup de tête, j'achète. Qu'est-ce qu'il peut bien m'arriver de terrible ?... Il me reste deux jours...

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Mogh est un rite de passage obligatoire pour pouvoir se mesurer au DLC. 1er objectif : retrouver Mogh en 2 jours. Et sans l'aide d'une soluce pour le plaisir de vagabonder, mais aussi pour reprendre les commandes en main avant l'affrontement que je pressens comme tonitruant. Je me lance avec une pointe d'appréhension, en me rappelant mes débuts délicats.

Je me doute que le temple visible depuis des hauteurs de la Siofra est celui de Mogh. En jouant sur la correspondance entre la map principale et celle souterraine, je décide de me rendre à des endroits que j'ai peu visités en Caelid, pensant qu'il s'agissait là de possibles points de départ. Dans les terres brûlées par la putréfaction, il y a par exemple une petite enclave de magiciens dont je n'avais jamais visité les hauteurs et percé les cachettes. Je commence par explorer toute cette zone, boss secondaires compris. Je me suis aperçu que c'était une sorte de terrain d'entraînement pour la Cité d'Ordina, qui se trouve juste avant la zone présumée de Malenia, au nord de la Cime des Géants. Je garde ça dans un coin de ma tête et visite les tréfonds inexplorés de Tour Divine de Caelid. Après avoir battu un noble Sanctechair, ce fut l'impasse, pas de chemin vers le temple de Mogh...

Les coms sur les réseaux finissent par m'aiguiller vers la bonne zone, je trouve à force de recherches le bon endroit, je franchis le seuil d'un passage secret. Je découvre alors pour la première fois un morceau de monde incroyable, densément peuplé par des cultistes décharnés, où le sang irrigue chaque coursives. L'arène de Mogh, qui surplombe tout, rappelle un peu un décor de Péplum dans lequel se serait déroulé un massacre, sans qu'il n'y ait plus un seul survivant. Hormis le maître des lieux.

L'affrontement est "grandiose", fait de saignements successifs qui entament dangereusement ma barre de vie, mais je tiens bon. La P2 tient toute sa promesse, d'un point de vue du spectacle et augure de la suite pour le DLC. Mogh déploie ses ailes et multiplie les "offenses", mais je suis niveau 160 et j'encaisse. Je finis par le vaincre. L'œuf de Miquella, l'objet de toute les attentions, se tient derrière lui. Un bras décharné et inerte en a déchiré la coquille, c'est la future porte d'entrée du DLC. Il reste un jour, je décide de rebrousser chemin et d'explorer au-delà de la Cité d'Ordina (en résolvant au préalable son énigme). J'atteins l'arbre sacré de Miquella et la difficulté me saute à nouveau à la gorge, les ennemis pullulent dans des endroits exigus, un pas de trop pour esquiver et la chute qui suit est mortelle. Si je parviens à rester sur ma branche, les Lanciers Cristaliens me terrassent en deux coups. Au bout du dédale, je croise à nouveau la cavalière Loretta, faite de chair et d'os cette fois-ci. Puis, à ma grande surprise (je ne m'y attendais pas), l'arbre laisse place à la lumineuse et impérieuse Cité d'Elphael (je ne le sais pas encore sur le moment mais elle a des faux airs d'Anor Londo). Je descends, avec toute la peine du monde, le long d'une racine pour arriver à sa source et je découvre celle que j'occultai précédemment. Malenia me fait face et mon cœur s'emballe.

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Au troisième essai, je parviens difficilement à le croire, j'atteins sa P2 pour mourir quasiment l'instant d'après. Je ne pousse pas plus loin les try, préférant préserver mes forces "morales" pour le DLC mais ce n'est que partie remise, je le sais. Je sais que je reviendrai la défier dans une dizaine d'heures. Dans la nuit du 19 au 20 juin, je décide de me lancer dans Shadow of the Erdtree pour découvrir de nouvelles terres...

La suite bientôt...
Modifié en dernier par Wizzy le jeu. 19 sept. 2024 21:49, modifié 12 fois.
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Blondex
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Message par Blondex »

Une approche originale que tu livres là. Plus qu'un let's play narratif, c'est davantage ton histoire personnelle avec la découverte d'Elden Ring qui t'amène progressivement à découvrir le studio FromSoftware et sa philosophie.

Je ne pense pas que ton histoire va m'inciter à plonger à mon tour dans ce type de jeux (même si les univers en tant que tels peuvent m'intéresser), mais je suis cette découverte avec à la fois un peu d'amusement et d'envie, quand je constate à quel point certains affrontements ou défis t'ont marqué au fer rouge.

J'attends la suite ! :)
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Wizzy
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Message par Wizzy »

Ah merci pour ce retour, qui m'oblige pour la suite. Il me reste de beaux morceaux.

J'avoue que ça devient obsédant, ces jeux, et je comprends l'obsession de beaucoup. Il faut tomber dans la marmite, une fois dedans, impossible de ne pas tout boire, voire de racler le fond. :P
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