Le développeur espagnol Locomalito revient avec un jeu… pas si nouveau : Gaurodan !
Qui est Locomalito ? J’ai déjà pu présenter à plusieurs reprises ce développeur amateur, mais un rappel ne peut pas faire de mal. L’Espagnol peut vraiment être considéré comme un développeur atypique : réalisant des jeux pour le plaisir, il n’en est pas moins attaché à proposer une finition exemplaire, ainsi qu’un challenge exigeant mais jamais injuste.
Sa particularité, c’est qu’il reste attaché à son statut de développeur amateur : par principe, il ne commercialise donc pas les jeux qu’il réalise, alors même que le travail réalisé est digne d’un studio indé – voire supérieur. Tous ses jeux sont donc proposés gratuitement sur son site, jouables sur PC sans besoin de la moindre configuration.
L’autre caractéristique de Locomalito, c’est un goût certain pour le rétro : toutes ses productions puisent leurs inspirations dans des classiques arcade ou 8-bits des années 80, allant même jusqu’à reproduire des affichages qu’on croirait d’époque.
Les productions les plus connues de Locomalito sont toutefois celles qui ont connu des éditions spéciales payantes : Maldita Castilla EX et Super Hydorah ont ainsi été commercialisés sur de nombreux supports, avec du contenu supplémentaire par rapport à leurs éditions originales – restées quant à elles gratuites.
Gaurodan est un cas un peu à part dans le catalogue de Locomalito, puisque ce jeu est initialement sorti en 2013 sur une console désormais complètement tombée dans l’oubli – mais dont la simple évocation ravive les souvenirs de nombreuses moqueries : la Ouya ! Le développeur s’est finalement décidé à revoir de fond en comble son jeu, pour le proposer en 2025 sur PC dans une version remasterisée, intégrant des options d’affichage apportées avec sa précédente production, Toxic Tomb.
Si vous voulez directement voir le site du développeur, c’est par ici : https://locomalito.com/
Le test
Si on pense d’abord à Godzilla en découvrant Gaurodan et ses monstres gigantesques sortis des entrailles de la Terre, l’inspiration première de Locomalito vient de mythes des Îles Canaries – lesquelles servent d'ailleurs de cadre à l’action. Gaurodan est donc une créature semblable à un dragon, qui s’échappe de son œuf pour détruire tout obstacle sur son passage. Son seul objectif : éliminer la créature démoniaque Guayota. Voilà pour le scénario, qui tient certes sur un timbre-poste, mais qui traduit l’intérêt de Locomalito pour les légendes et contes de la culture ibérique, après Maldita Castilla.
Le jeu, lui, semble surgir d’une salle d’arcade du milieu des années 80. Gaurodan se rapproche en effet du gameplay d’un Choplifter, où le but n’est toutefois pas de secourir des innocents, mais de ravager les villes. C’est donc un shoot-them-up, mais dans un style bien différent de Hydorah (qui s’inspirait lui de Gradius).
On note d’ailleurs le soin apporté par Locomalito pour reproduire les effets d’une borne d’arcade authentique, à la manière de ce que Capcom avait déjà proposé pour Capcom Arcade Stadium : par défaut, le jeu opte ainsi pour un filtre CRT, des reflets sur l’écran de jeu simulant les néons de la salle d’arcade, et même des rayures sur la borne. Tous ces effets peuvent être désactivés, mais les filtres graphiques sont très sympathiques, et témoignent aussi de l’amour de son développeur pour l’ambiance des salles de jeux des années 80. On n’en attendait finalement pas moins de Locomalito.
Votre dragon Gaurodan à l'assaut des forces armées. Notez le soin apporté à l'affichage de l'écran, comme si vous étiez dans une salle d'arcade !
S’agissant des autres réglages, Gaurodan offre également tout le confort des compilations rétro sur le paramétrage des manettes (pads Xbox conseillés car reconnus par défaut)… mais pas plus : si vous voulez des fonctions « save states » ou « rewind », ce n’est pas la philosophie de la maison, et j’y reviendrai.
Le but du jeu semble simple et efficace, mais concrètement, comment ça se joue ? Tout aussi simplement : croix ou stick de direction (suivant vos préférences), et 2 boutons : un pour le tir horizontal, et un pour le tir vers le bas en diagonal. La particularité de votre dragon est qu’il avance constamment et ne reste donc jamais en position stationnaire si vous lâchez la manette : ça n’a l’air de rien, mais cela vous demandera de diriger constamment votre monstre ailé.
Si vous ne comprenez pas encore tout, ce n’est pas grave : Gaurodan propose un premier niveau très didactique, où vous contrôlez d’abord… un œuf ! Quelques démolitions de maisons suffiront à ce que votre bébé dragon brise la coquille et s’envole pour finir de ravager le secteur. Pour passer au niveau suivant, il faut en effet démolir l’ensemble des constructions du tableau, certaines offrant des bonus temporaires (comme une invincibilité qui dure 5 secondes, et pas une de plus) ou un cœur pour recharger un peu de votre énergie.
Le véritable jeu commence au second niveau, où votre dragon a désormais sa taille adulte et sa puissance à 100 %… de quoi laisser exprimer toute votre fureur ! Les hélicos et chars d’assaut qui ont l’audace de vous défier en auront certes pour leurs frais, mais leur harcèlement n’en sera pas moins constant.
Le premier niveau avec votre tout jeune Gaurodan vous permettra d'apprendre en douceur les subtilités du gameplay.
Très appliqué, Locomalito – level designer confirmé – propose une difficulté progressive, introduisant à chaque niveau une nouvelle menace (aéronefs plus résistants et rapides, chars mieux armés, artillerie…) qui vient s’ajouter à d’autres. En cela, son jeu typé arcade est bien mieux paramétré que nombre de productions des années 80 parfois injustes : maniabilité jamais prise à défaut, précision impeccable, visibilité irréprochable des tirs ennemis… Tout est fait pour vous offrir une réelle courbe d’apprentissage sans jamais donner l’impression que Gaurodan se montre impossible à terminer, et sans balancer des règles sorties de nulle part pour vous tuer en un coup.
Son système de scoring est également très bien pensé, avec de nombreux bonus cachés (notamment des bananes qu’il faudra toutes dénicher pour débloquer une fin spéciale). Détail amusant : ne pas détruire les arbres vous octroie en fin de tableau des points supplémentaires !
Le jeu ne triche pas : il est difficile, mais il ne vous prend jamais en traître. Mais qu’il est radin ! Une vie, c’est tout ce vous aurez pour terminer ce jeu. Inutile de quémander un 1-Up, même en passant 100 000 points, vous n’aurez rien. Et attention aussi à votre barre d’énergie : un coup reçu, c’est un point de vie en moins, mais chaque niveau ne vous permet de ne recharger au maximum que 2 points de vie. Ne comptez donc pas sur la chance (et sur une fonction « save state » absente) pour vous tirer d’un mauvais pas : les règles de Gaurodan sont gravées dans le marbre, et le Game Over est sans appel.
Comme je l’ai dit plus haut, c’est la philosophie de Locomalito, mais des vies supplémentaires n’auraient pas été de refus : le jeu est certes assez court avec 11 tableaux, la sanction n’en demeure pas moins rude, surtout lorsqu’on échoue face à un boss bien énervé. Il faut chaque fois tout recommencer, retourner dans son œuf, et repartir à l’assaut. En cela, Locomalito reste sans concession.
Le premier boss spectaculaire surgit dans le 5e niveau.
Pour la partie sons et musiques, c’est le comparse de toujours de Locomalito, Gryzor87, qui officie. Ceux qui connaissent Maldita Castilla retrouveront un style d’autant plus similaire que les deux jeux ont été pensés pour reproduire le style des jeux arcade des années 80. Il fallait bien des musiques aux sonorités rétro pour que l’illusion soit parfaite !
En guise de conclusion sur ce jeu à la difficulté exigeante mais accrocheuse, un petit mot sur la version de 2013, que Locomalito propose également sur son site : graphiquement plus austère et globalement plus difficile (avec moins de niveaux mais des défis qui traînent un peu trop en longueur), elle permet d’apprécier la qualité du remastered de 2025 ; dur en effet de revenir après à une version originale moins aboutie, mais intéressante à découvrir tout de même.
Pour l'installation :
Le programme exe se lance sans aucun problème sur PC. Locomalito a désormais acquis une solide réputation dans la scène amateur, en proposant une finition impeccable digne d’un produit parfaitement commercialisable.
Comme toujours avec les jeux Locomalito, il ne faut pas être effrayé par les productions au parfum rétro pour se lancer dans Gaurodan. Il ne faut pas non plus être effrayé par sa difficulté : comparé à ses modèles des salles des années 80, le jeu est bien plus accessible ; mais comparé aux compilations rétro dont Locomalito s’inspire pour la forme, il manque sans doute quelques fonctions basiques d’émulateur pour être accessibles à un plus grand nombre.
Télécharger le jeu sur le site de Locomalito
A lire également :
- Les avis pour Cursed Castilla EX (Maldita Castilla)
- Mon test de Darkula, du même développeur.
- Mon test de The Curse of Issyos, toujours de Locomalito.
- Mon test de Toxic Tomb, de Locomalito, encore lui.