[Test] Darq, le génial retour de l'aventure horrifique
- Twinsen Threepwood
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Souvenez vous, je vous en ai parlé à maintes reprises : "Unfold Games" un mystérieux compositeur de métier, avait sorti,en 2019, Darq : un jeu d'aventure horrifique dans la veine de Limbo et Little Nightmares, et où vous dirigiez Lloyd, un mystérieux jeune garçon prisonnier d'un terrible cauchemar.
Depuis, à force de persuasion, de chantage sexuel et de menace, la joyeuse communauté de Gameforever, toujours à l'affût de la moindre nouveauté, a spontanément jeté son dévolu sur le jeu et le résultat s'est avéré sans appel : avec 4 "Oui", Darq a rapidement été consacré Mega-Hit sur notre site !
Depuis lors, Darq a été un immense succès critique et à obtenu de nombreux prix !
Pour célébrer la sortie imminente de Darq sur console et en version définitive, accompagnée de ses 2 DLC gratuits (The Tower & The Crypt ), je vous propose un test; histoire de vous convaincre définitivement de l'intérêt de ce qui à mes yeux, le jeu d'horreur /aventure le plus réussi de ses dernières années !
Bonne lecture.
Lloyd, un insomniaque pire que Twinsen
Sans fioriture ni chichi, le jeu démarre directement sans la moindre introduction ou indication textuelle. Vous dirigez un jeu homme nommé Lloyd (mais ça, on ne le sait que grâce à la fiche descriptive du jeu sur internet).
Chauve au teint blafard, notre anti-héros rappelle, de par son apparence cadavérique, la merveilleuse esthétique du cinéma expressionniste Allemand de l'entre deux guerres, avec des films de légendes comme Faust ou Le Cabinet du docteur Caligari.
De part cette esthétique et ses chromatides en quasi noir et blanc, Darq pourra évoquer aux plus jeunes la patte et le style plus contemporain du réalisateur de film Tim Burton, lui aussi grand amoureux de ce cinéma germanique des années 40.
On ne s'y trompe donc pas : Darq sera un jeu d'épouvante ! Un jeu horrifique, où la peur va emmêler fantasmagorie et tridimensionnalité.
Découpage du jeu
Le jeu de base est découpé en 7 chapitres, de longueur plus ou moins équivalentes.
Chaque chapitre, à l'exception du dernier (plus court), prendra au joueur lambda entre 15 et 30 minutes pour être franchi, au grand maximum.
Je ne sais pas ce qu'il prend comme somnifère, mais je vais éviter de prendre la même chose...
Chaque chapitre débute de la même manière : Lloyd revient dans son appartement, se couche et fond dans un nouveau paysage, digne d'un cauchemar sans fin.
Chaque mise en sommeil va déconstruire et reconstruire le décor autour de vous
Le cœur du jeu : la perte de repère dans l'espace
Premier élément de gameplay et de level design étant au cœur de Darq : la perte de repère dans l'espace.
En effet, cauchemar oblige, Lloyd va se retrouver dans un monde où les simples repères comme le haut, le bas, le sol, les murs ou le plafond perdent ici tout leur sens.
Préparez à avoir le tournis !
Tel un voltigeur libéré de la gravité (où un ado ayant un peu trop regardé le film Inception), Lloyd va donc acquérir la capacité de marcher sur les murs ou au plafond, la tête à l'envers et sans en ressentir le poids de la pesanteur.
Chaque manivelle fera tourner un bloc du décor...
...Et on ne sait jamais trop ce qui va apparaître !
Dès lors, Darq libère son originalité : le level design et le game design sont pensés en 3 dimensions. Mieux : le joueur pourra faire tourner le décor et changer constamment de perspectives, libérant ainsi, de nouveaux chemins d'accès.
Faire tourner le cadre pour découvrir de nouvelles perspectives !
Détail rigolo : en tournant, les éléments du décor sont violemment secoués
Une perte de repère évidente pour le joueur, qui doit donc penser en 3 dimensions et de trouver autant que possible l'endroit de l'envers.
Je n'avais pas connu pareil renversement des repères dans l'espace depuis le très bon de Deadly Creatures, de Rainbow Studio (Wii, 2009).
Les puzzles
Les puzzles utilisent le changement de perspective et la gravité.
Enorme point fort du jeu : les puzzles. A la fois simples, abordables et terriblement malicieux, les puzzles de Darq s'avèrent extrêmement originaux. Jamais le jeu ne vous proposera 2 fois de suite le même genre d'énigme.
Souvent basé sur les jouets type labyrinthe en main, les puzzles utilisent les changements de perspectives et de renversement du décor pour apporter une approche en rotation dans leur résolution.
Bref, comme dit plus haut : c'est à la fois simple et terriblement original. L'intelligence de la simplicité.
D'une difficulté progressive, chaque puzzle ne vous prendra que quelques minutes. Bien sûr, la difficulté ira crescendo, et plus vous avancerez, plus le joueur devra explorer son environnement afin d'apporter une pièce manquante nécessaire pour faire marcher les différents mécanismes.
A titre de comparaison, Darq a les meilleurs puzzles dans un jeu d'action aventure que j'ai vu depuis...Limbo.
Autant vous dire qu'il s'agit pour moi d'une sacrée référence !
Mieux, le titre de 2Darq arrive même à coiffer au poteau les puzzles d'Inside et de Little Nightmares, pourtant eux aussi très réussies. Bref : Respect.
Mention spéciale au puzzle de la fin du chapitre 5, qui m'aura autant émerveillé que terrifié !
Une technique maitrisée alliée à une esthétique léchée
Pluie, reflets de l'eau, lumière fantomatique, pénombre, brouillard : Darq est est un tableau de tous les instants, utilisant les codes de l'expressionnisme allemand.
Elément incontournable à la vue de notre expérience des différents chapitres de Darq : le visuel.
Oui : c'est magnifique.
Puisant sa technique dans le moteur Unity, Darq délivre un rendu de très bonne tenue, avec une physique réaliste, beaucoup d'animations de décors en tout genre et des lumières absolument splendides.
Le jeu n'utilise aucun élément textuel ou vocal pour expliciter son récit : tout se passe de façon suggestive, via la composition des images et la mise en scène.
Un minimalisme brillant évoquant évidement le style Playdead (Limbo, Inside).
Un bonheur de narration et de rythme
La solution se trouve parfois en 2.5D !
Un plan aussi dingue que renversant !
Utilisant par moment les atouts du script et des mouvements de caméra dynamique, Darq n'est pas avare en JumpScare ou plan à caractère très cinématographique.
La caméra bouge façon caméra au poing, la parallaxe pose des éléments de décor en perspective et les champs et contre champs donnent parfois des plans qui confient à la merveille.
Un chara design réussi
Vous ne serez pas seuls dans Darq : vous allez croiser de vils et très étranges créatures. Plutôt que de partir dans une imagerie gothique ou liée aux monstruosités habituelles, Unfold Games a fait le choix d'invoquer des personnages surréalistes, avec des corps mélangeant anatomies humaines et objets mécaniques. Un style très Dali et qui, dans ce contexte, apporte un merveilleux dérangement.
Gare à ce que vous allez découvrir en allumant la lumière...
Dépourvu d'arme ou de moyen de se défendre, Lloyd n'aura donc que sa ruse ainsi que sa discrétion pour franchir les ennemis. Marcher à pas feutré est plus que recommandé !
Un Sound Design de F.O.L.I.E
Très porté sur les questions du son pour appuyer sa narration, Darq a bénéficié du travail d'un vétéran de CD Project (The Witcher, Cyberpunk 2077) pour son Sound Design et le résultat fait merveille : bruit mécaniques, bruits de pas, résonnance, pluie, crie d'angoisses... La partie bruitage est très, très impressionnante dans Darq.
Plus qu'une simple gimmick, le Sound Design est ici est un élément essentiel à la narration, appuyant avec justesse le propos quand cela s'avère nécessaire, ou n'hésitant pas à utiliser l'angoisse du silence pour terroriser le joueur.
Un immense coup de chapeau : Darq a certainement le meilleur Sound Design que j'ai entendu depuis le Premier Dead Space, LA référence absolue à mes yeux, et Darq lui fait réellement honneur. Bravo.
Et la musique dans tout ça?
Puisant dans des ressources minimalistes, Darq ne fait cependant pas oublier à son auteur qu'il est avant tout un compositeur chevronné de cinéma.
2 thèmes, symphoniques, composent la B.O du jeu. Le premier (que l'on entend depuis la toute nouvelle page d'accueil de la version définitive) délivre une splendide partition violon, dans un style sombre et victorien, rappelant avec bonheur les pistes noires de la série Penny Dreadfull signée par le compositeur Abel Korzeniowski.
Le second thème, concluant le jeu, s'avère plus lumineux, mais toujours torturé. Rappelant le motif du thème 1 et toujours par la force des violons, il apporte néanmoins une coloration plus claire/obscure, tel un Thomas Newman (Rencontre avec Joe Black, Shawshank / Les Evadés).
Darq n'a que quelques minutes de musique (le jeu en lui même ne s'appuie que sur le sound design pendant son déroulé), mais elle est utilisée, une fois encore, avec beauté et intelligence.
Conclusion
Vous avez fini Little Nightmares II et vous en redemandez, en mieux? Darq est fait pour vous. Brillant, intelligent, terriblement original dans son level design et ses mécaniques, à la fois simples et maîtrisés, Darq est une leçon de savoir-faire et la parfaite démonstration que l'on peut être terriblement inventif à peu de frais.
Rythmé et sans temps mort, visuellement magnifique et servi par l'un des meilleurs Sound Design de la décennie, le jeu d'Unfold Games transpire la passion du début à la fin de son aventure.
Certes, le récit de base est un peu court (2heures de jeu environ), mais mieux vaut 2 heures incandescentes et parfaitement maîtrisées que 20h bancales où l'ennui et la répétition feront lieu commun.
La Définitive Edition vous permettra aujourd'hui de jouer deux chapitres supplémentaires (on sera donc plus à 3 heures de jeu au total) avec une Replay Value intéressante, grâce au challenge de trophées, vraiment corsés.
Darq tient de l'utopie : un jeu vraiment réussi et méritant, crée par un amateur qui n'y connaissait absolument rien en seulement quelques années de travail acharné. C'est donc à la fois une leçon de jeu vidéo et une leçon de vie.
Certains jeux transcendent les clivages et les genres, en s'adressant avec brio à tous les joueurs et faisant la fierté du médium. Darq est de ceux là. Il est un incontournable du genre aventure horreur et l'un des jeux les plus rafraichissants de ces dernières années.
Chapeau M. Unfold Games.
Merci pour votre lecture.
▶LIRE TOUS LES AVIS DE DARQ SUR GAMEFOREVER :
https://www.gameforever.fr/darq-11703.php
▶VOIR LE LONGPLAY DECOUVERTE (JEU COMPLET) COMMENTE AVEC IGLOU :
https://www.youtube.com/watch?v=s2FZNO3I7V8&t=3094s
MISE A JOUR 1 : THE TOWER
Sieur Unfold Games : je vous aime ! A peine remis de ce merveilleux cauchemar qu'est Darq, voilà que son créateur nous gratifie (littéralement) d'un DLC ! Oui vous avez bien lu : "La Tour" est entièrement gratuite !
Et mes amis, quel chapitre ! Plus qu'un Best of de la formule d'origine, La Tour s'avère être le niveau le plus corsé et le plus complexe du jeu à ce jour. C'est aussi le mieux maîtrisé ! Plus que jamais, les puzzles s'avèrent terriblement ingénieux, bien foutus, avec une belle marge de manœuvre et une excellente courbe d'apprentissage : ils sont stimulants, et jamais frustrants ou insurmontables !
Toujours aussi glauque, mais sans ennemi à l’affût, La Tour et ses étages semblent à priori plus calmes et ne vous prendront qu'une grosse demi-heure.
Mais c'est sans compter le véritable challenge de ce chapitre : obtenir le trophée d'échappée en moins de 6 minutes! Et ça, croyez moi, c'est une épreuve olympique ! Je vous laisse la surprise, mais jetez-vous sur ce jeu indé et jetez-vous sur ce DLC : Darq est merveilleux et sa première extension est une leçon de maîtrise et un vrai cadeau ! Chapeau bas Unfold Games !
MISE A JOUR 2 : THE CRYPT
Après le jeu de base, puis "The Tower", place à l'ultime défi de Darq : "The Crypt" ! A nouveau proposé gratuitement, ce chapitre prend place après le premier DLC. Votre héros est donc toujours séparé en deux : le corps d'un côté, la tête (roulante) de l'autre !
Pour s'en sortir, il va donc falloir jouer en tandem entre les deux parties de Lloyd, et ça ne sera pas de trop tant cet épilogue s'avère difficile ! On peut même dire qu'il s'agit du défi ultime du jeu !
Entre un level design sans dessus dessous, kafkaïen à souhait et des énigmes nécessitant logique, beaucoup de sang froid et pas mal de rapidité, mes nerfs auront été mis à rude épreuve, comme jamais jusque ici dans le Darq !
Chaque geste, chaque direction est millimétrée à la seconde près : vous allez faire un paquet d'essais avant de vous en sortir, croyez moi ! Les puzzles sont réellement intéressant et poussent la logique de son créateur à son maximum.
A noter également que 4 crânes de cristal sont à dégoter pour les plus fouineurs (j'avoue être complètement passé à côté !). Comptez une bonne heure et demi pour vous en sortir, jusqu'à un final un chouillat stressant pour les claustrophobes ! Une conclusion réussie !
Modifié en dernier par Twinsen Threepwood le jeu. 28 oct. 2021 01:12, modifié 13 fois.
Putain il est fort le con !Certains jeux transcendent les clivages et les genres, en s'adressant avec brio à tous les joueurs et faisant la fierté du médium.
Excellent article, tu vas au droit au but, ça donne presque envie de le refaire (je dit bien presque mais j'ai 2 jeux sur le feu la), et ça me conforte dans l'idée que j'ai en tête depuis un moment de passer la note "oui" , pas parce que j'ai changé d'avis ou je suis ne suis plus BlaseIglou, mais plutôt parce que ma vision du "oui, mais" à changé, et que je pense qu'il méritait vraiment un "oui" depuis le départ.
Bref Bravo encore pour ton article, pour les images et la présentation, c'est super propre.
- Twinsen Threepwood
- Messages : 10972
Pk j'irais souffrir alors que je prend encore mon pied après 250 heures de jeu?
J'ai terminé le jeu principal, je vais donc pouvoir m'attaquer aux DLC !
Et l'avis sera prêt dans les temps !!
Du coup, par rapport à la lecture vraiment complète, j'ai un point de désaccord sur les puzzles et les énigmes. Je ne partage pas à ce sujet tout à fait ton enthousiasme, il y a certes de bonnes idées - de très bonnes même - mais la recherche des objets donne davantage l'impression de retourner un chapitre dans ses moindres recoins, trouver un objet, l'utiliser au bon endroit... Mais je le préciserai également dans mon avis, la mise en scène - on peut le dire - est très importante dans ce jeu, y compris lors de ces énigmes à résoudre.
Et l'avis sera prêt dans les temps !!
Du coup, par rapport à la lecture vraiment complète, j'ai un point de désaccord sur les puzzles et les énigmes. Je ne partage pas à ce sujet tout à fait ton enthousiasme, il y a certes de bonnes idées - de très bonnes même - mais la recherche des objets donne davantage l'impression de retourner un chapitre dans ses moindres recoins, trouver un objet, l'utiliser au bon endroit... Mais je le préciserai également dans mon avis, la mise en scène - on peut le dire - est très importante dans ce jeu, y compris lors de ces énigmes à résoudre.
- Twinsen Threepwood
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Un mec qui a lu le test l'a acheté et est venu me remercier parce qu'il a adoré !
Tu vas demander ta commission au développeur !
Faut dire aussi qu'il n'y a pas de tests sur les "grands" sites JV à ma connaissance. Ça viendra peut-être avec la sortie du jeu sur Switch, mais pour le moment, seuls des sites de moyenne envergure l'ont testé, et Game Forever arrive même en 3ème page - actuellement - avec la requête "test Darq" !
Faut dire aussi qu'il n'y a pas de tests sur les "grands" sites JV à ma connaissance. Ça viendra peut-être avec la sortie du jeu sur Switch, mais pour le moment, seuls des sites de moyenne envergure l'ont testé, et Game Forever arrive même en 3ème page - actuellement - avec la requête "test Darq" !
- Twinsen Threepwood
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