Le studio français Game Atelier a réussi un joli coup en impliquant dans son projet Ryuichi Nishizawa, le papa de Wonder Boy, afin de proposer un héritier spirituel à la série Monster World. Mais plus qu’un hommage, Monster Boy est avant tout un jeu d’action-aventure à la réalisation immédiatement accrocheuse. Les graphismes variés et colorés sont qui plus est accompagnés de musiques composées par des grands noms (Yuzo Koshiro, Michiru Yamane, Motoi Sakuraba…). Inspiré de Monster World et surtout du mythique Dragon’s Trap, Monster Boy ne prend certes pas de risques, puisqu’il faudra jongler entre les différentes transformations du héros ainsi que ses équipements pour progresser, mais le jeu s’appuie aussi sur un level design parfaitement étudié, regorgeant d’énigmes, de défis, de secrets… et de surprises (le manoir hanté faisant clairement référence à Castlevania jusque dans sa musique). En fait, outre la bonne quinzaine d’heures que dure l’aventure en ligne droite, Monster Boy parvient à se renouveler constamment, de quoi ravir les nostalgiques des Wonder Boy qui apprécieront les nombreux clins d’œil, et ceux qui découvriraient la série avec ce jeu.

Plus qu'un hommage, ce jeu est un véritable héritier à la série des Wonder Boy. Les Français de Game Atelier n'auront sans doute pas réinventé quoi que ce soit, mais cette déclaration d'amour aux cultissimes Dragon's Trap et WB in Monster World est tellement bien composée que la réussite est totale. Nous ne sommes pas en présence d'une simple copie, mais d'une véritable ode à ce qui se faisait sur Master System et Megadrive. Tout au long d'une aventure qui reprend à son compte les codes des jeux qui l'auront inspiré, ce Monster Boy livre un quasi sans faute qui ne pourra que ravir ceux qui auront été bercés par ces univers. Ceux qui le découvrent le trouveront peut-être trop linéaire ou trop conventionnel, mais les faits sont là : les développeurs ont pris un plaisir énorme à composer ce jeu et cela se ressent. Que ce soit au travers de la réalisation graphique impeccable, la bande-son aux petits oignons, la maniabilité parfaite, les univers variés et nombreuses transformations qui offriront toujours leur lot de surprises, je ne peux être qu'admiratif du travail accompli. Bien plus qu'une suite officieuse, il incarne ce qui faisait briller les yeux de l'enfant que j'étais.

On a affaire ici à un tout nouvel opus de la série Wonderboy, avec des graphismes en 2D franchement sublimes, excusez du peu ! Il faut voir les arrière-plans animés et défilant de manière très fluide à vitesse variable, de manière à simuler l'impression de profondeur des décors. Quelle finesse ! Le jeu reprend ici ce qui a fait la force notamment de Wonderboy III sur Master System : les transformations, avec pour chacune d'entre elles des capacités spécifiques permettant d'accéder par exemple à certains passages auparavant inaccessibles, ou encore de battre les boss. Les boss, parlons-en : pour les vaincre, il faut faire preuve d'une ingéniosité jamais vue dans un jeu vidéo ! On se demande où les développeurs sont allés chercher certaines idées, d'ailleurs... La petite déception est musicale pour moi, en dépit des grands noms ayant officié dans les mélodies du jeu, dont Michiru Yamane. On reconnaît sa patte entre mille ici, un peu trop d'ailleurs : Wonderboy n'est pas Castlevania ! Reste quelques sympathiques resucées d'anciens titres qui ne manqueront pas de faire verser une larme aux nostalgiques. Enfin, je trouve certaines énigmes un peu trop tordues...

Est-ce que Monster Boy est une suite spirituelle à la saga Wonder Boy ? Oui, absolument. 24 ans après le dernier épisode sur Megadrive, et si on ne compte pas les remakes, nous avons enfin un titre qui sent bon l'aventure tout en respectant son héritage. Avec sa direction artistique rappelant Monster World et son gameplay faisant directement écho à The Dragon's Trap, c'est un magnifique hommage à la série avec ce côté aventure-RPG avec une pointe de Metroidvania dans différents lieux magnifiques, détaillés, qui ne sont pas sans rappeler ceux de la saga avec quelques thèmes repris et remixés. Côté scénario, ça n'a jamais été le luxe, ce n'est qu'un prétexte suffisant pour nous faire voir du pays pendant une bonne trentaine d'heures pour tout faire et découvrir. J'ai particulièrement apprécié le clin d'œil sur les vitraux de l'église où sont représentés les 4 héros des précédents opus. Cela m'a donné une bonne claque de nostalgie dans la figure en me revoyant jouer à ces jeux. On sent que le créateur de la série a été impliqué dans le projet, car pratiquement tout rappelles le Wonder Boy et c'est tant mieux. Une petite pépite et un magnifique successeur.