LES SERIES : MORTAL KOMBAT Article rédigé par Blondex

Série débutée en 1992, Mortal Kombat a constamment évolué avec son temps pour rester l'une des franchises de la baston les plus durables Il est difficile maintenant de mesurer l'impact qu'a pu avoir Mortal Kombat à son époque. Pourtant, la franchise est parvenue à se maintenir au fil des années, faisant finalement d'elle l'une des plus rentables et les plus connues des séries des jeux de combat. Souvent copié, rarement égalé dans son domaine, Mortal Kombat représente toute l'essence du jeu de combat à l'américaine : sombre et violent !


Pour vous imprégner de l'ambiance de la série, vous pouvez également lire cet article en écoutant la playlist Mortal Kombat.


> Le phénomène Mortal Kombat

Quand Mortal Kombat sort en 1992 dans les salles d'arcade, le choc est bien réel. Face à Street Fighter II, ce nouveau jeu parvint à se créer un style, une ambiance et des codes bien différents.

Mortal Kombat était pourtant un petit projet développé par une équipe de 4 personnes, dont les pères Ed Boon (programmation) et John Tobias (scénario, design des personnages), ne mesuraient pas au départ la portée. L'inspiration essentielle du jeu, nous la devons... à Jean-Claude Van Damme !! Eh oui, avant ses thèses sur les cacahuètes et sur l'air, le plus aware des acteurs était au sommet de son art (Full Contact, Kickboxing... des chefs d'oeuvre !). Le jeu devait à l'origine être centré sur JCVD, reprenant son rôle de Bloodsport, mais le projet ne put se faire faute d'accord. Boon et Tobias continuèrent cependant à développer leurs idées, et ainsi naquit Mortal Kombat : un tournoi shaolin organisé par le maléfique sorcier Shang Tsung pour conquérir la Terre !

Les 7 "kombattants" originaux de Mortal Kombat : Cage, Kano, Raiden, Liu Kang, Scorpion, Sub-Zero et Sonya Reste à planter le décor, et les combattants. On trouve ainsi les 7 guerriers originaux qui feront ensuite la gloire de la série : Liu Kang, le moine shaolin, héros du jeu et l'hommage de Mortal Kombat à Bruce Lee ; Johnny Cage, l'acteur de cinéma, dont la ressemblance à Jean-Claude Van Damme est revendiquée ; Raiden, inspiré du dieu japonais du Tonnerre ; les deux ninjas, Scorpion et Sub-Zero, dont la rivalité est mise en avant ; Kano, le brigand sans foi ni loi ; et enfin Sonya, la touche féminine dans ce monde de brutes, ajoutée sur le tard suite aux retours d'une première version test.

Les deux boss de Mortal Kombat : l'impressionnant Goro, le monstre à 4 bras ; et le sorcier Shang Tsung, capable de prendre l'apparence de tous les kombattants du jeu A ces 7 combattants (ou devrais-je dire "kombattants"), s'ajoutent Goro, le champion en titre du tournoi ; Shang Tsung, organisateur de Mortal Kombat et boss final ; et le ninja Reptile, premier personnage secret dans un jeu de combat, qui cumulait les pouvoirs de Sub-Zero et Scorpion.

Le rendu graphique de l'ensemble, et surtout des kombattants, fit vraiment une très forte impression à l'époque. A l'opposé du rendu cartoon de Street Fighter II, Mortal Kombat propose des guerriers réalistes, grâce à des images digitalisées, technique déjà employée dans le mauvais Pit Fighter. Mais Mortal Kombat ne serait pas ce qu'il est sans l'excès de violence, qui suscita la polémique. De l'aveu même d'Ed Boon, ce sont les ajouts de sang et du gore qui ont permis à Mortal Kombat de connaître autant de succès.

Un grand classique de la série : le combat entre les rivaux Scorpion et Sub-Zero Il est vrai que le jeu n'est techniquement pas aussi abouti que son concurrent Street Fighter II. De base, les kombattants possèdent tous les mêmes coups, il n'y pas grande différence à manier Sonya ou Raiden. Les apports de Mortal Kombat sont cependant réels : chaque kombattant peut enchaîner des coups de poings rapidement, et effectuer un uppercut particulièrement dévastateur, envoyant l'adversaire valdinguer à l'autre bout de l'écran ! Les seules nettes différences entre chaque kombattant sont les coups spéciaux, une autre marque de fabrique de Mortal Kombat. Le grappin de Scorpion ou la boule de glace de Sub-Zero sont désormais des classiques au même titre que le Hadoken de Ryu !

D'un uppercut rageur, Cage décapite Kano sans autre forme de procès. Fatality ! Voilà, jusque là, je vous aurai fait patienter, mais il est plus que temps d'attaquer le coeur du sujet : les fameuses Fatalities ! Une fois le match remporté, la vie du vaincu sera ainsi laissée à la merci du vainqueur, par ces simples mots, "Finish Him !" ("Her" pour Sonya), résonnant encore dans les salles d'arcade enfumées comme un moment de tension extrême. La manipulation réussie, l'écran s'obscurcit, et le verdict sera sans appel : la peine de mort, accompagnée de cris de douleur et parfois de flots d'hémoglobine ! De par leurs barbaries, les fatalities de Mortal Kombat gardent encore aujourd'hui un impact fort : difficile d'oublier les piques fatales en-dessous du célèbre stage The Pit, Sub-Zero arrachant la tête de son adversaire avec la colonne vertébrale (sans doute la plus gore du jeu) ou encore Kano exhibant fièrement le coeur du vaincu...
Les fatalities n'étaient pourtant pas initialement prévues telles que nous les connaissons : marqués par Barbarian où le vaincu finissait décapité, Boon et Tobias pensaient réserver ce sort en perdant face au boss final Shang Tsung, lequel aurait tranché la tête de son adversaire. Ce n'est qu'après un test avec Johnny Cage - dont la fatality sera finalement conservée telle quelle - que l'idée fit son chemin en étant étendue à tous les personnages, à l'exception de Goro... et Shang Tsung !

Au delà des fatalities, Mortal Kombat rencontra un tel succès qu'il sera adapté sur un nombre de supports phénoménal : Super Nintendo et Megadrive pour les plus connues, mais également Game Boy, Game Gear, PC, Mega CD... Le passage sur consoles ne se fit cependant pas sans douleur. Pour des questions de censure, le sang a été ainsi supprimé, et si la version Megadrive pouvait encore proposer un code secret (le fameux ABACABB) pour le rétablir, la version SNES resta définitivement "sang-surée", la salive remplaçant l'hémoglobine, et les fatalities les plus violentes modifiées ; ce qui se fit ressentir au niveau des ventes sur consoles, puisque la version Megadrive s'est bien mieux vendue.


> Mortal Kombat Puissance 2

Le succès de Mortal Kombat ne pouvait cependant rester sans suite : le deuxième volet arriva dès 1993 ! Ce n’était pourtant pas le plan initialement prévu par Boon et Tobias, qui se voyaient développer un jeu Star Wars, mais le succès des conversions consoles de Mortal Kombat est tel que l’éditeur ne leur laisse aucune autre option : leur prochain jeu sera Mortal Kombat II !

Le brutal empereur Shao Kahn, boss de MK II, est également le grand méchant de la série Là aussi, on garde peu en mémoire l'impact de ce jeu : tout le contenu du premier volet sera proposé en double dans sa suite. 12 kombattants, des décors différents, des combats plus techniques et passionnants, encore plus de sang, ainsi que des fatalities en très grand nombre… Midway frappe un grand coup !
En déplaçant le tournoi dans un nouveau monde, l’« Outworld », c’est aussi une ambiance bien différente que propose MKII : le cadre plus sombre et plus violent de cet univers est façonné par le brutal empereur Shao Kahn, nouveau boss final qui vous attend dans une arène toute acquise à sa cause. D’autres décors montrent des lieux d’exécution ou des terres dévastées, mais également des éléments de fantastique et de magie (comme le Portail ou la Tour).

Deux nouveaux de MKII en action, Jax et Kung-Lao, dans le stage Wastelands dépeignant un Outworld sinistre Profitant de moyens plus conséquents pour la motion capture, l’équipe refait ainsi à neuf les anciens kombattants : Liu Kang perd un peu de sa filiation avec Bruce Lee, Cage avec Jean-Claude Van Damme ; Raiden gagne en prestance et Shang Tsung (désormais jouable) en jeunesse ; tandis que Scorpion et Sub-Zero signent leurs retours.
Boon et Tobias souhaitent également de nouvelles figures en nombre : Jax (initialement prévu pour le premier) ; le moine Kung Lao et son chapeau tranchant ; l’assassin Kitana (pensée pour concurrencer en popularité Chun-Li de Street Fighter) ; ainsi que le mutant aux longues dents Baraka, représentant l’Outworld.
Les limitations de temps et de mémoire imposent toutefois quelques abandons : outre le design de Kintaro, le remplaçant de Goro initialement envisagé comme un kombattant tigre plus complexe, c’est ainsi que Kano et Sonya – considérés comme les moins populaires du précédent jeu – sont relégués dans le décor de la Kahn’s Arena et cèdent leurs places à deux clones plus faciles à développer : le ninja Reptile sort ainsi de l’ombre avec ses propres coups spéciaux, tandis que Mileena est la sœur jumelle maléfique de Kitana.

Personnage secret dans le premier, Reptile devient un kombattant à part entière dans Mortal Kombat II Un cran au-dessus également en matière de fatalities, où les développeurs poussent parfois très loin dans le gore. S'il ne fallait en citer qu'une, ce serait assurément celle de Kung Lao, un découpage de l'adversaire en deux à la verticale ! Malgré tout, l’aspect graphique, certes plus joli, tend finalement vers un rendu moins réaliste, voire plus "cartoon". La multiplication des fatalities, parfois grotesques, additionnées aux Babalities (adversaire transformé en bébé) et aux Friendships (petites saynètes rigolotes mais un peu hors de propos), ont sans doute contribué à conférer une ambiance moins sérieuse à ce MK II, presque parodique même.

Les conversions consoles étendront également la popularité de Mortal Kombat II, notamment grâce à l’adaptation soignée de la version Super Nintendo, cette fois non censurée. On compte évidemment sur des versions Megadrive, Game Gear, Game Boy et Saturn, pour les plus répandues. Aujourd’hui encore, Mortal Kombat II conserve une certaine aura, et est souvent cité comme un épisode de référence de la série.


> Mortal Kombat 3 et ses dérives

Fondateur de son propre genre de jeu de combat, finalement assez différent des classiques de Capcom ou de SNK, Mortal Kombat sera souvent copié, parfois de manière éhontée (comme Kasumi Ninja sur Jaguar, Way of the Warrior sur 3DO, et même Street Fighter The Movie, l'adaptation vidéoludique du film... avec Jean-Claude Van Damme !). Pourtant, seul l'excellent et impressionnant Killer Instinct sera le seul réel concurrent de Mortal Kombat dans le domaine des jeux de combat violents... en 1995, date de sortie de Mortal Kombat 3.

Sub-Zero apparaît pour la première fois sans son masque. Une nouveauté parmi d'autres dans un volet qui tranche radicalement avec ses prédécesseurs 2 ans, c'est effectivement une longue période durant laquelle l'équipe de Boon et Tobias fignola le nouveau volet de sa série, marqué par un tournant radical. Le cadre du jeu se déroule ainsi dans une métropole en ruines dévastée par Shao Kahn ; des arènes nettement moins exotiques donc, comme une station de métro, une rue déserte ou un cimetière.
La liste des kombattants s'étoffe également, avec pas moins de 14 guerriers prêts à en découdre avec Shao Kahn. Cependant, de vénérables anciens, comme Cage, Raiden et surtout Scorpion, seront abandonnés, les deux premiers s'expliquant pour des conflits contractuels avec les acteurs les incarnant. MK3 en profite ainsi pour renouveler son casting, avec 7 nouveaux personnages, pour seulement 7 kombattants repris des deux précédents, dont certains connaissent des changements notables (comme le nouveau Sub-Zero).

Boon et Tobias étaient persuadés que Stryker deviendrait un kombattant populaire, mais la réception par les joueurs fut toute autre L'impression au final de ce MK 3 reste sujette à controverse. L'ambiance shaolin, marque de fabrique de la série, est abandonnée pour un univers plutôt dénué d'âme dans l'ensemble, et par certains aspects, la série vire à l'auto-parodie, multipliant les fatalities involontairement comiques (un corps décapité reste debout, par exemple), les animalities (transformations en animaux), et autres friendships.
Les apports de Mortal Kombat 3 ne sont toutefois pas négligeables : il est un des premiers jeux de combat à proposer la possibilité de courir, mais également de réaliser des enchaînements (certes nettement moins que Killer Instinct). Pour la violence accrue de ses combats, mais aussi l'exigence technique encore plus élevée, MK 3 est considéré par certains comme le plus abouti des Mortal Kombat en 2D. Pour d'autres en revanche, les abandons du cachet Mortal Kombat et de personnages-clés, ainsi qu'une maniabilité rigide, passent mal.

Il aura fallu cette version Ultimate pour rappeler Kitana et l'indispensable Scorpion, lequel dispose pour le coup de son propre stage Signe des dérives de la série, et aussi pour répondre aux attentes de fans déçus de la version initiale, une nouvelle édition sera proposée : Ultimate Mortal Kombat 3. Apportant de nouveaux décors et surtout les retours de kombattants classiques, avec en tête Scorpion, Reptile, Kitana, la version masquée de Sub-Zero, ainsi qu'une ribambelle d'autres ninjas et ninjettes, l'ensemble utilisant au final toute la palette des couleurs de l'arc-en-ciel. Malgré cela, Ultimate Mortal Kombat 3 est considéré par ses développeurs comme le véritable 3ème volet... signe d'un éditeur souhaitant surexploiter le filon.

La dérive va se prolonger avec Mortal Kombat Trilogy sur PS, Saturn et N64, utilisant le moteur graphique et le principe du 3ème volet, et recyclant tout à la fois les anciens décors et anciens kombattants.

Globalement, Mortal Kombat 3 a rencontré à la fois un succès critique et commercial, mais Midway a sans doute pris conscience d'avoir trop tiré sur la corde, notamment concernant la multiplication des personnages de ninjas et la présence de trop nombreuses touches humoristiques qui ont fini par froisser les fans.


> La fin d'une époque

Mortal Kombat 4, sorti en 1997, est donc destiné à faire entrer la série dans une nouvelle ère, à double titre : le jeu sera en 3D – un élément sautant tout de suite aux yeux -, mais marque également un retour à la violence pure et dure.

Scorpion et Sub-Zero passent en 3D dans MK4, mais ne changent pas pour autant leurs habitudes Refonte complète donc... ne portant en réalité que sur la forme, car le gameplay reste grandement inchangé par rapport à Mortal Kombat 3. Le jeu est bien en 3D, mais cela reste de la baston 2D tout ce qu'il y a de plus classique. Une fausse évolution qui fut à l'époque mal vue alors que des séries comme Tekken ou Virtua Fighter avaient le vent en poupe. Les réelles innovations sont très peu nombreuses, et tiennent plus à l'atmosphère du jeu, effectivement plus sombre et plus violente : les friendships et babalities ont été supprimées, ne laissant que les fatalities bien sanglantes. Le cadre est également revenu dans un univers fantastique inquiétant. Le niveau de la Forêt vivante de Mortal Kombat II sera ainsi repris, tout comme l'ultra-classique Goro's Lair du premier volet.

En cours de combat, il est également possible de sortir une arme pour augmenter les dégâts, mais cette nouveauté, présentée comme majeure par Midway, se révéla tout à fait anecdotique.

Au rang des personnages, le jeu compte surtout sur la transposition en 3D des combattants classiques (Cage, Liu Kang, Sonya, Jax, Raiden) et quelques vrais nouveaux (dont le peu mémorable Kai, le dieu du vent Fujin, et surtout Quan Chi, mis en avant comme vedette du jeu) pour s'opposer ou s'allier au nouveau boss final, Shinnok. Midway avait par ailleurs tenté une diversification de dernière minute, qui présente l'inconvénient d'être apparente.
Soucieuse de limiter le nombre de ninjas, dont l'utilisation devenait excessive, l'équipe de Tobias et Boon ne conservera ainsi que Scorpion et Sub-Zero, les plus emblématiques. Reptile est tout de même conservé mais subit un sérieux lifting. L'intention ne fut en fait qu'un leurre. Le jeu devait en effet compter initialement dans ses rangs Kitana, Noob et Kano : ils seront remplacés à la hâte par Tanya, Reiko et Jarek. Une simple recoloration des premiers nommés, de nouvelles têtes, et le tour était joué.

Mortal Kombat 4 suscite de nos jours une grande indifférence. Si Mortal Kombat 3 provoque en effet toujours adhésion ou rejet complet, le 4ème volet est sans doute le plus méconnu de la série.

L'opération recyclage opérée avec Mortal Kombat Gold a surtout révélé le vieillissement accéléré de la réalisation et du gameplay de MK4 Le jeu fut néanmoins adapté sur un nombre honorable de supports. Les versions consoles (PS et N64) et PC, fidèles à leur modèle d'origine, proposaient comme principal ajout l'emblématique Goro. La Dreamcast eut quant à elle droit à Mortal Kombat Gold, qui à la manière d'un Ultimate Mortal Kombat 3, rappelait des anciens personnages (Kitana, Mileena, Kung Lao, Baraka, Cyrax et Sektor) et ajoutait des nouveaux décors en fait repris des anciens volets. Sortie en 1999, 2 ans après l'original, MK Gold a été jugé comme souffrant sévèrement de la comparaison avec Soulcalibur aux débuts de la Dreamcast.

Le déclin de la série se poursuivra également avec des jeux dérivés indignes, comme Mortal Kombat Mythologies – Sub-Zero (PS et N64), un mélange plateformes - beat'em all qui a marqué autant pour ses cutscenes kitsch que pour ses phases de jeux aussi frustrantes qu'aberrantes ; et Mortal Kombat – Special Forces (PS), un vrai nanar vidéoludique ayant Jax pour héros, dont le développement a été manifestement expédié.


> Une complète remise en cause

Suite aux échecs de ces deux jeux, John Tobias décide de quitter l'aventure. Il reviendra donc au seul Ed Boon de remettre la franchise sur de bons rails. Quand il fallut réfléchir à un nouveau Mortal Kombat, la donne avait changé : l'équipe de Boon dut faire face à une crise majeure de l'Arcade aux Etats-Unis. L'époque des salles d'arcade est révolue.

Mortal Kombat 4 sera donc le dernier jeu de la série à sortir en Arcade. L'accueil froid réservé à ce dernier a entraîné également une totale remise en cause. La série doit évoluer si elle veut survivre, et abandonne ainsi son traditionnel gameplay 2D pour un gameplay 3D, à la manière d'un Tekken ou d'un Soulcalibur.

Deadly Alliance est centré sur les deux méchants charismatiques, Quan Chi (apparu dans MK4) et l'éternel Shang Tsung, qui se partagent le statut de boss final Quand le nouveau Mortal Kombat, finalement sous-titré Deadly Alliance, sort en 2002 sur PS2, Xbox et GameCube, l'évolution est particulièrement notable. Outre le changement complet de gameplay, chaque combattant dispose de deux styles de combat à mains nues, avec des enchaînements et coups variés, en plus de l'usage d'une arme.

Mortal Kombat – Deadly Alliance n'a pourtant plus à rien à voir sur le fond avec les anciens volets. Les vieux réflexes (comme l'uppercut ou la manière d'éviter les projectiles), les enchaînements traditionnels, les manipulations des coups spéciaux, la possibilité de courir... Tout cela a disparu ! Midway est pour ainsi dire reparti du début, réinventant complètement la manière de jouer à un Mortal Kombat. Un choc pour les fans, qui ne reconnaissent plus vraiment Mortal Kombat, mais Deadly Alliance reçut un accueil critique favorable de la presse et d'une autre partie des joueurs, surprise par le travail effectué par l'équipe de Boon. Ce dernier précisa d'ailleurs que Deadly Alliance fut un projet bien plus important que ne le furent les précédents épisodes réunis, en termes de moyens humains et financiers.

Au delà de ses innovations de gameplay, Deadly Alliance a surtout remis la série dans le bon sens en renouant avec les décors shaolin du premier volet Des changements importants sur le fond, et paradoxalement moins sur la forme : le jeu compte en effet de nombreux nouveaux kombattants, une fois encore peu marquants, mais recycle cette fois largement les anciens. Hormis Liu Kang, sacrifié pour les besoins du scénario et seul absent notable, 11 kombattants sur les 23 que compte le jeu sont repris des deux premiers volets. Bref, pour repartir sur de nouvelles bases, la meilleure solution reste encore de s'appuyer sur ce qui a fait le succès de la série. Les décors rappellent également le premier Mortal Kombat, pour une ambiance plus shaolin que sombre, les jeux bonus (le fameux "Test your Might" notamment) ont été réintégrés, et le nombre de fatalities par personnage est limitée... à une seule !

Symbole d'une renaissance de la série, la numérotation a été abandonnée. Si le projet avait en effet pour nom provisoire Mortal Kombat V, il prit d'abord pour titre Mortal Kombat Vengeance (utilisant le V pour 5), puis finalement Deadly Alliance, en référence à l'alliance des deux méchants du jeu, Shang Tsung et Quan Chi.


> Succès et limites de la formule 3D

Face au succès de Deadly Alliance, Midway ne tarda pas à proposer une suite fin 2004 sur PS2 et Xbox : Mortal Kombat – Deception... qui prit le nom de Mystification en France (le titre original passait évidemment mal, bien que "Deception" signifie en réalité "Trahison").

Les nouveautés de gameplay ainsi que la variété des arènes de combats sont toutefois plombées par un grand nombre de kombattants peu charismatiques, comme Dairou et Hotaru Ce 6ème volet s'appuya fort logiquement sur Deadly Alliance en matière de gameplay, et fut le premier de la série à proposer des combats en ligne. Les évolutions restent cependant assez timides comparé à la révolution du précédent épisode, mais au moins ne pourra-t-on pas accuser Midway de faire un copié-collé. Sur les 26 kombattants du jeu, 6 seulement seront repris de Deadly Alliance ! Parmi eux, Scorpion et Sub-Zero, indispensables, ainsi qu'un Raiden corrompu.
Très généreux dans son contenu, avec un surprenant mode Aventure ainsi que des modes bonus assez oubliables (Puzzle Kombat, un puzzle game à la manière de Puzzle Fighter II ; et Chess Kombat, un jeu d'échecs), Deception rappelle pour une part significative des personnages repris d'Ultimate Mortal Kombat 3, ainsi qu'une nouvelle fournée de kombattants peu marquants parés pour la boucherie. Parmi ces nouveaux, Shujinko, le héros vieillissant du mode Aventure qui s'oppose au Roi-dragon Onaga, cristallise les critiques sur le manque d'inspiration de l'équipe de Boon. La version GameCube, sortie plus tard, compte quant à elle dans ses rangs les retours de Goro et Shao Kahn (une compensation pour l'absence de jeu en ligne)... tandis qu'un Liu Kang revenu d'entre les morts fait figure de personnage à débloquer dans toutes les versions - secret bien gardé pour provoquer chez les fans un choc.

MK Deception / Mystification est également revenu sur quelques éléments abandonnés dans Deadly Alliance, notamment les uppercuts, réintroduits, ainsi que sur des arènes plus ouvertes, permettant notamment des "ring out" sous la forme de Pit fatalities. Les kombattants disposent également de deux fatalities, ainsi que - nouveauté - d'un "Hara Kiri", un moyen pour le vaincu de se suicider avant que le vainqueur n'exécute sa Fatality. Un cran au-dessus en matière de finesse et de poésie !

Dans la foulée, un épisode dérivé, Mortal Kombat - Shaolin Monks (PS2 et Xbox) propose de revenir sur les événements des deux premiers Mortal Kombat à travers un beat'em all plutôt convaincant, proposant d'incarner Liu Kang et Kung Lao.

L'Arcade est donc bien loin, mais pas les travers. Car si Mystification est une vraie suite travaillée de Deadly Alliance, c'est moins le cas de Mortal Kombat – Unchained, l'adaptation sur PSP de Mystification reprenant des personnages et des décors de Deadly Alliance... et surtout du 7ème volet, Mortal Kombat Armageddon, qui ressemble à un nouveau Mortal Kombat Trilogy.

Faisant fi de certaines améliorations proposées par Deadly Alliance, Midway a préféré proposer un épisode hommage, présentant un long mode Histoire en compagnie d'un nouveau héros, l'anti-charismatique Taven, et regroupant absolument tous les personnages apparus dans la saga... et cela en fait 63 (64 pour la version Wii) ! Le fond est cependant grandement sacrifié, et malgré leur nombre, les kombattants se ressemblent beaucoup. Certes, la possibilité de créer son propre kombattant en paramétrant absolument tous ses coups est un apport appréciable, mais l'ensemble des personnages ne disposent que d'un seul style de combat en plus d'une arme, et n'exécutent qu'un seul type de fatality, faite de combinaisons de coups. Et ce n'est pas l'anecdotique jeu bonus "Motor Kombat" (un Mario Kart à la sauce Mortal Kombat) qui va tempérer les retours assez mitigés des joueurs.

Sorti en 2006 sur PS2 et Xbox, puis en 2007 sur Wii, Mortal Kombat Armageddon n'a pas rencontré un succès phénoménal, comme si la nouvelle tendance lancée depuis Deadly Alliance s'était déjà estompée.

Pour proposer autant de contenus, MK Armageddon a dû concéder des sacrifices en matière de gameplay ; même les fatalities ont été simplifiées, au point de décevoir les fans L'ensemble des kombattants de la série, tous réunis sans exception pour Mortal Kombat Armageddon. Il est temps de faire le ménage !


> Une escapade commerciale

Parce que le modèle établi par Deadly Alliance a atteint ses limites avec Armageddon, de nombreuses questions se sont posées quant à l'avenir de la série. Non qu'elle ait été menacée de disparition, mais le besoin de renouvellement se faisait sentir ; un renouvellement qui passe d'abord par l'arrivée sur les consoles de la génération PS360.

En attendant la véritable suite de Mortal Kombat, l'équipe d'Ed Boon s'est d'abord orientée en 2008 vers une voie plus lucrative, plus grand public. 10 ans après les cross-over entre les univers de Capcom et de Marvel (X-Men Vs Street Fighter, Marvel Vs Capcom...), c'est donc au tour de l'univers de Mortal Kombat de rencontrer celui de DC Comics, le concurrent de Marvel !

L'esprit dément du Joker convient parfaitement à une série comme Mortal Kombat, mais ce n'est pas forcément le cas de tous les personnages de DC Comics Mortal Kombat Vs DC Universe permet ainsi de nouveaux chocs inédits et inattendus, entre Scorpion, Sub-Zero ou Shang Tsung côté MK ; et Superman, Batman ou Joker côté DC. Ce nouveau jeu offre également une approche moins violente et nettement moins sanglante que les volets habituels de la série ; licence DC oblige, le jeu vise un public potentiellement plus jeune, et l'idée de démembrer Superman a essuyé un refus catégorique de DC Comics. Les fatalities très sages (à l'image d'ailleurs de celles des versions 16-bits du 1er MK) ont pu également être censurées en Amérique du Nord si elles étaient jugées encore trop violentes, comme celle du Joker tuant (simplement) son adversaire d'une balle de revolver.

Malgré un certain succès commercial sur Xbox 360 et PS3, Mortal Kombat Vs DC Universe est un hors-série. De plus, l'accueil plutôt réservé reçu par le jeu, mettant en cause la réalisation générale ainsi que la violence trop réduite, n'appelle pas forcément à une suite de ce cross-over... même si le travail effectué par le studio d'Ed Boon a été apprécié de Warner Bros.


> Retour aux sources

La disparition de Midway, victime de la crise économique de 2008, a laissé sur le carreau de nombreux studios de développement de l'éditeur. Warner Bros Interactive a en effet racheté Midway Games pour en licencier quasiment tout le personnel... sauf ceux du studio de Chicago en charge de la série Mortal Kombat. Une telle valeur refuge ne pouvait ainsi passer à la trappe ou être confiée à d'autres que l'équipe d'Ed Boon, renommée NetherRealm Studios.

Chaque décor est repris des premiers volets de la série, et on retrouve bien sûr tous les kombattants classiques L'aventure Mortal Kombat continue donc bel et bien, mais comme pour symboliser ce nouveau départ, le 9ème volet suit la tendance très à la mode dans le milieu du cinéma hollywoodien et du jeu vidéo : le « reboot » ! Ah c'est pratique d'ailleurs, le « reboot » : quand on est à court d'idées pour développer une histoire, on reprend tout depuis le début, et c'est reparti pour un tour ! Sobrement intitulé Mortal Kombat, le 9ème volet revient en effet sur les trois premiers jeux de la série et rassemble ainsi tous les kombattants qui y sont apparus, sans exception ou presque (le centaure Motaro de MK3 étant le seul à être passé à la trappe), ajoutant en bonus Quan Chi de MK4, Kenshi de Deadly Alliance, ainsi qu'une version robotique de Sub-Zero, une nouvelle ninjette rouge, et le célèbre Freddy Kruger, invité de marque parfaitement à son aise dans cet univers sanglant. Un gros remake de Mortal Kombat Trilogy, en somme.

Ed Boon avait promis une évolution du gameplay après Armageddon ; sorti en 2011 sur PS3 et Xbox 360, "MK9" est plutôt un retour aux origines de la série. Ainsi, à l'image du premier Mortal Kombat qui s'était inscrit dans le sillage de Street Fighter II, le nouveau Mortal Kombat profite du succès de Street Fighter IV pour en revenir au gameplay traditionnel en 2D, avec l'utilisation d'un moteur 3D. Surtout, après les fatalities personnalisables d'Armageddon et un MK Vs DC Universe édulcoré, le jeu revient à ce qui a fait le succès de la série : des fatalities particulièrement sanguinolentes, ainsi qu'une nouvelle technique, les attaques X-Ray, succession de coups violents passée aux rayons X pour montrer l'impact direct des échanges d'amabilité sur le corps humain (os broyés, crâne défoncé, et j'en passe).

Exemple d'attaques X-Ray, avec ralentissements quand ça gicle, et passage aux rayons X pour ne rien rater ! Après un passage édulcoré dans la série Soulcalibur, Kratos de God of War (exclusivité PS3) s'invite dans Mortal Kombat, plus furieux que jamais !

Succès commercial, Mortal Kombat "9" a également rencontré un accueil critique très favorable auprès de la presse spécialisée que la série n'avait plus connu depuis Deadly Alliance. Un dixième Mortal Kombat est d’autant plus inévitable que le mode Histoire se termine sur une fin ouverte, promettant le retour d’anciens kombattants et sans doute l’arrivée de nouveaux.

Fort de l’expérience acquise avec Mortal Kombat, le désormais très important studio NetherRealm Studios s’est attelé à développer Injustice – Les Dieux sont parmi nous, sorti sur de nombreux supports en 2013. Une escapade doublement logique en fait : désormais dans le giron de Warner, l’équipe d’Ed Boon a librement accès à l’univers DC Comics, et pourra ainsi donner une suite à son crossover Mortal Kombat vs DC Universe en se concentrant cette fois pleinement sur les superhéros, délaissant sa franchise phare le temps d’un jeu. Enfin, presque délaisser, puisque Scorpion fera une apparition en DLC !


> Une machine parfaitement huilée

Lorsque le nouveau Mortal Kombat sera finalement annoncé sur PS4, Xbox One et PC pour une sortie en 2015 (les portages PS3 et Xbox 360 étant finalement annulés), l’expérience acquise sur Injustice permettra à NetherRealm Studios d’affiner le gameplay de sa franchise. Initialement intitulé Mortal Kombat 2, le nouveau volet sera finalement nommé tout aussi sobrement Mortal Kombat X, confusion savamment entretenue entre le désir de passer à la vitesse supérieure (c’est ce que signifie la lettre X dans le jeu vidéo), le fait qu’il soit le dixième volet, et la recherche constante de la violence outrancière qui flirte avec l’interdiction aux moins de 18 ans. Sur ce point, Ed Boon avait promis des X-Rays moves et des Fatalities toujours plus gore, et les trailers de présentation ont beaucoup insisté sur le soin apporté à leurs mises en scène.

Reposant sur les bases de Mortal Kombat 2011, Mortal Kombat X affine son gameplay, et offre des interactions accrues avec le décor Le temps où Mortal Kombat ne valait que pour ses mises à mort est toutefois bien révolu, et Mortal Kombat X se veut aussi être un jeu de baston plus à même de séduire les compétiteurs. La grande nouveauté de cet opus n’est pas tant le retour du Run introduit dans MK3 et abandonné depuis MK4, que l’apport de 3 variations de combats pour chaque kombattant. A ne pas confondre avec les styles de combat de Deadly Alliance, elles sont en fait similaires dans leurs principes aux modes de combat (ISM) vus dans Street Fighter Alpha 3 : le maniement d’un kombattant conserve ainsi une base commune, mais le retrait ou l’ajout de coups peut le modifier sensiblement suivant le style. Enfin, le jeu en ligne n’a pas été oublié, avec des batailles réparties en cinq factions.

Outre Jason Voorhees (Vendredi 13) et Leatherface (Massacre à la Tronçonneuse), MKX a également invité (en DLC) Alien et Predator. Le combat était inévitable ! Le précédent volet ainsi qu’Injustice ont aussi apporté une nouvelle tradition désormais commune aux jeux NetherRealm Studios : un mode Histoire long d’une dizaine d’heures. Si Mortal Kombat 2011 réécrivait l’histoire des trois premiers volets et créait au final une nouvelle continuité (effaçant du même coup les volets 4 à Armageddon), Mortal Kombat X poursuit dans cette voie tracée, non sans faire intervenir des personnages apparus dans la première continuité, notamment Shinnok, boss de MK4 reprenant ici son rôle de grand méchant. L’histoire se déroulant sur 20 ans, l’heure est ainsi à l’introduction de la nouvelle génération de kombattants, comme Cassie (la fille de Johnny Cage et Sonya), Jacqui (la fille de Jax) ou encore Takeda (le fils de Kenshi). A leurs côtés, de nouvelles têtes (Erron Black, D’Vorah, Kotal Kahn ou Ferra/Torr) apportent de réelles nouveautés, tandis que de nombreux anciens, à commencer par les 7 originaux, demeurent fidèles au poste malgré le temps qui passe et les têtes qui ne cessent jamais de repousser !

Sûr de sa force commerciale, NetherRealm Studios ne manquera pas de sortir de juteux DLC en deux packs, intégrant notamment des personnages invités tous issus du cinéma d’horreur (Predator, Alien, Jason Voorhees et Leatherface), puis de proposer une version tout compris intitulée Mortal Kombat XL, sortie quant à elle en 2016. Après tout, les autres le font bien !


> Un 11ème volet programmé pour le succès

Avec une régularité très calculée – bien loin des écarts commis dans les années 90, le studio d’Ed Boon suit un plan commercial prévoyant une alternance entre ses deux franchises de jeux de combat. Injustice 2 sort ainsi en 2017, invitant cette fois Sub-Zero (ainsi que les Tortues ninja) à rejoindre les super héros de l’univers DC. Une fois encore, le jeu sert d’expérimentations pour intégrer des nouveautés et des évolutions dans le prochain Mortal Kombat.

Forcément attendu, le 11ème volet de la série a été annoncé fin 2018 pour une sortie au premier trimestre 2019 sur PC, PS4, Xbox One et même Switch ! En affichant un logo « 11 », NetherRealm Studios reprend d’abord la numérotation qui, si elle n’avait jamais été tout à fait abandonnée officieusement, avait en tout cas été abandonnée officiellement depuis Mortal Kombat – Deadly Alliance (le 5ème volet). Ce numéro 11 confirme aussi que MK Vs DC Universe s’intègre dans la numérotation comme étant le 8ème volet.

Avec seulement 3 nouveaux kombattants (dont Cetrion et Geras), MK11 puise davantage dans l'important vivier de la franchise. Par ce biais, Mortal Kombat 11 fait la jonction entre les deux univers parallèles créés scénaristiquement pour le reboot de 2011. En faisant intervenir une nouvelle méchante, Kronika, qui entend remettre un peu d’ordre dans la pagaille créée par les scénaristes (et accessoirement, par le dieu Raiden), le jeu permet de faire rencontrer les kombattants des deux univers parallèles dans un nouveau mode Story qui assume complètement son côté série Z. Surtout, après un MKX qui avait grandement renouvelé le casting, MK11 met l’accent sur le rappel d’anciens personnages (parfois proposés jeunes et vieux), en puisant grandement dans le vivier des 3 premiers volets, tout en confirmant certains des nouveaux venus de MKX, et en n’intégrant finalement que 3 nouvelles têtes (Geras, Cetrion et The Kollector), liées à Kronika.

Outre un stage dans une salle d'arcade, NetherRealm Studios cultive la nostalgie avec le stage "Retrocade" et ses arrière-plans repris des 3 premiers volets Le jeu progresse-t-il pour autant qualitativement ? Tout en conservant le style 2D traditionnel, MK11 chamboule quelque peu les techniques instaurées jusqu’à présent et emprunte à la concurrence, en l'adaptant à la sauce gore bien évidemment : le "Fatal Blow" consiste ainsi en une fury déclenchable lorsque la santé est faible, et le « run » est remplacé par un dash. La présence de MK11 lors des compétitions d’e-sport (dont l’EVO) est en cela un bon indicateur de sa popularité ainsi que de son niveau technique, considéré comme suffisamment compétitif pour intégrer le gratin des jeux de combat, ce qui n’était pas le cas des plus anciens volets.

Lancé par le succès de MKX, MK11 s’offre le meilleur démarrage pour la série. Le studio maintient par ailleurs sa politique tarifaire en matière de DLC, réitérant ce qui a été fait pour MKX : des kombattants emblématiques (comme Shao Kahn en bonus de précommande) ou invités (Spawn, Joker et Terminator) sont ainsi soigneusement conservés comme produits d’appel. Concernant le sorcier Shang Tsung, NetherRealm Studios s’est même attaché les services de Cary-Hiroyuki Tagawa, l’acteur qui a incarné le personnage dans le film de 1995 ; difficile de faire mieux dans le fan service !

La Krypte de Mortal Kombat 11 offre une visite dans les ruines du palais de Shang Tsung, pour débloquer de nombreux bonus (costumes, accessoires...) En 2020, le DLC Aftermath vient conclure MK11 avec une nouvelle histoire centrée sur Shang Tsung, et intègre notamment le cyborg RoboCop, paré pour le combat pour affronter son rival désigné, le Terminator.
Enfin, parce qu'il fallait bien conclure tout cela par une édition définitive, Mortal Kombat 11 Ultimate arrive fin 2020 pour les sorties de la PS5 et des Xbox Series, intégrant en prime le dernier DLC incluant Rain et Mileena (très demandés par les fans), ainsi qu'un nouvel invité, John Rambo. En cultivant cette nostalgie du monde du cinéma, NetherRealm Studios pousse donc le délire jusqu'à enfin opposer Stallone à Schwarzy... à moins que le plus fort ne soit en réalité Christophe Lambert, reprenant son rôle de Raiden du film Mortal Kombat dans un DLC "Klassik movie" ! Une multiplication des invités (5 en tout) qui se fait toutefois au détriment de kombattants finalement absents de MK11 - et la liste est longue !

Exception faite de Smash Bros Ultimate, MK11 surpasse commercialement ses concurrents sur la même génération (notamment Tekken 7 et Street Fighter V) ; une réussite que l’on peut attribuer à une popularité en constante progression en Amérique du Nord, ainsi qu’à une puissance marketing maîtrisée.


> Tout recommencer, une seconde fois

La voie du succès est toute tracée pour le 12ème volet qui sort en septembre 2023. Nommé Mortal Kombat 1, le jeu est un second "reboot" après celui de 2011 ; c'est d'ailleurs le sens du "1" accolé au titre, qui initie une nouvelle chronologie.

Le redémarrage est cependant trompeur et s'adresse cette fois davantage aux fans qu'aux nouveaux venus, la trame se situant bel et bien dans le prolongement de MK11 et de son DLC Aftermath. Liu Kang, devenu dieu du feu et nouveau protecteur du Royaume Terre en remplacement de Raiden, initie une nouvelle continuité qui redistribue les rôles : pas de place pour de nouveaux personnages, tout le casting étant intégralement repris des précédents volets. Certains kombattants peu populaires se voient ainsi offrir une seconde chance de briller, comme Li Mei et Nitara de Deadly Alliance ; Havik et Ashrah, issus de Deception / Mystification ; ou encore Geras, seul nouveau de MK11 pérennisé dans ce volet.

Le Kameo - ici Cyrax en second plan - peut être appelé pour réaliser ses coups spéciaux et prolonger les enchaînements du joueur Pour pallier à certaines absences, NetherRealm Studios a sorti de son chapeau une vieille technique empruntée à SNK et Capcom : les assists. Ici nommés « Kameos », ils étaient d’ailleurs déjà présents durant certains défis proposés pour MKX et MK11, mais sont désormais pleinement intégrés dans le gameplay de MK1. Pouvant soit être invoqués pour aider le joueur, soit être laissés libres d'intervenir n’importe quand en combat, les kameos – proposant de nombreux anciens non retenus dans le casting, comme Sonya, Kano ou encore Jax – peuvent également intervenir pour les fatalities.

La présence de Jean-Claude Van Damme comme skin de Johnny Cage est évidemment un clin d’œil au tout premier Mortal Kombat, alors envisagé comme une adaptation de Bloodsport Hormis pour les amateurs du mode Histoire impatients de suivre les péripéties de Liu Kang et de ses éternels rivaux Shang Tsung et Shao (rétrogradé général dans la nouvelle continuité), la fausse remise à zéro est donc loin d’être aussi risquée. Le roster n’est d’ailleurs pas si pléthorique, mais bien évidemment appelé à être renforcé par des DLC annoncés avant même la sortie du jeu ! Les guests sélectionnés (Omni-Man, Peacemaker, ainsi que le Protecteur de The Boys) sont ainsi tous des super-héros déchus et violents, qui ne renâclent pas à exécuter des fatalities.
Concernant les performances de vedettes hollywoodiennes, Megan Fox cachetonne (littéralement) pour interpréter Nitara, mais on retiendra surtout qu’Ed Boon et son équipe réalisent un vieux rêve, en proposant une skin « Jean-Claude Van Damme version 1988 » de Johnny Cage.

Pour le reste, MK1 se repose grandement sur son prédécesseur qui avait su parfaitement se faire une place dans les compétitions d’e-sport. Face à une concurrence renouvelée en 2023 (avec Street Fighter 6) et 2024 (avec Tekken 8), on comprend mieux tout l’empressement de NetherRealm Studios à ne céder aucun espace à ses concurrents, d'où le peu de prises de risques. Et le succès ne faisait bien évidemment aucun doute, avec 3 millions d’exemplaires vendus dès le premier mois de commercialisation, ce malgré un aspect GAAS (jeu en tant que service) encore plus prononcé où l’on devine sans mal la patte commerciale de l’éditeur Warner Bros. Games, y compris en sortant une version Switch manifestement très (trop) inférieure aux autres versions PC, PS5 et Xbox Series.

Quitte à trop tirer sur la corde ? En proposant une seconde extension Khaos Reigns aussi chère que le jeu de base, pour seulement 6 kombattants (dont Conan version Schwarzy, Ghostface de la série Scream ainsi que le T-1000 de Terminator 2 interprété par Robert Patrick) et un court mode Histoire dédié, la grogne est montée chez les joueurs... d'autant qu'une édition Ultimate est sans doute à prévoir.


> Mortal Kombaaaaaat !

Série de jeux faite par des Américains pour un public américain, Mortal Kombat a immédiatement connu un immense succès outre-atlantique, que nous Européens avons eu plus de mal à saisir. Souvent perçue comme de mauvais goûts, la série est restée en mémoire pour sa propension à multiplier les ninjas, dont un simple changement de couleurs suffisait à la création d'un nouveau personnage. Pourtant, parmi tous les personnages, ce sont bien les "ninjas" Scorpion et Sub-Zero qui ressortent du lot : le premier est même désormais la mascotte de NetherRealm Studios ; le second n'a quant à lui jamais raté un jeu de la série (exception faite de Special Forces, qu'on oublie toutefois volontiers).

Mortal Kombat a en fait toujours cultivé une image à part du fait des controverses que ses volets ont suscitées, tout particulièrement dans les années 90. Pour autant, la série a constamment su s'adapter avec son temps, réussissant sa transposition dans un gameplay 3D, puis en se remettant en cause pour revenir à son gameplay 2D sans retomber dans ses erreurs. Depuis le reboot de 2011, NetherRealm Studios a ainsi pérennisé la série dans le paysage vidéoludique, avec succès. Que cela vous plaise ou non, les aimables joutes barbares de Scorpion et tous ses amis ne sont donc pas prêtes de s'arrêter !

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