Voyage ne ment pas sur son titre : il s'agit de se balader dans des décors inspirants d'une étrange planète, sans regarder derrière soi et pour aller on ne sait où. L'important, comme dans bon nombre de fuites en avant vidéoludiques (Far, Journey...), c'est de ressentir à la fois le vertige des distances parcourues et l'émerveillement que provoquent les découvertes ; de ressentir des émotions. Si j'entrevois ici une "fugace poésie persil, sauge et aneth" à travers les dessins au style peu commun, les animations (sublimes), les belles couleurs et la musique (un piano rêveur), je n'ai rien ressenti... Ou si, le grand vide, le néant ludique durant deux heures. Le fait d'incarner deux personnages n'apporte rien, pas même une phase de jeu nous obligeant à partager une tâche en dehors d'escalader ou de pousser des gros machins. Les séquences s'enchaînent mal, le voyage est haché menu : nous sommes sans cesse téléportés dans une caverne pour nous signifier la fin et le début d'un chapitre. Le jeu a beau se finir vite, il se permet quand même le luxe d'être étiré jusqu'à dépasser la ligne rouge de l'ennui.