Étrange sensation : ai-je vraiment "joué" à What Remains of Edith Finch ? De toute évidence, pas vraiment. Le studio Giant Sparrow vous propose de partir à la découverte de la maison des Finch, famille tristement maudite, en incarnant Edith Finch elle-même. La demeure renferme de nombreux secrets et possède un lourd passé. Chaque pièce est l'occasion de revivre les derniers instants des membres de la famille en y associant un gameplay différent à chaque fois. Tout est orchestré intelligemment pour que vos actions accompagnent le récit, tantôt fantastique, tantôt dramatique, sans pour autant influencer le court des événements. À l'instar d'un livre de nouvelles, le jeu vous propose une série d'histoires courtes plutôt qu'un long récit uniforme, le tout forme néanmoins un ensemble incroyablement passionnant. La voix de l'héroïne, parfaitement doublée par l'actrice Valerie Lohman, et la superbe bande originale participent à l'immersion dans cette aventure. What Remains of Edith Finch est en quelque sorte un film d'environ 3 heures duquel vous ne pouvez décrocher puisque vous y participez. Difficile d'en dire plus sans spoiler : la magie, ça se vit, ça ne s'explique pas...

On va être clair, si votre truc à vous c'est jouer et être acteur de votre destin, passez directement votre chemin. Ce "jeu" n'en est pas vraiment un. Il n'y a aucun challenge, aucune chance de se tromper d'itinéraire, aucun moyen d'aller au-delà du chemin qui vous est imposé. Ce jeu, que je qualifierai de documentaire, parle d'une famille au destin tragique où chaque membre sera le "héros" d'une petite histoire dramatique. Au final, on ne sait pas vraiment pourquoi ce jeu a été développé. La famille Finch n'a jamais réellement existé, et il n'y a aucune morale à l'histoire. En fait, ce documentaire, est plutôt un livre interactif - rappelez-vous des livres en relief avec des languettes à tirer. Bah là, c'est pareil, mais en présentation jeu vidéo. On pourra dire que c'est bien raconté, mais ça n'a rien à faire sur une console de jeu où le but est quand même de s'amuser. C'est triste, morne et lent du début à la fin, et c'est pas la bande-son qui va égayer tout ça. Ça se termine en 2 heures maxi. Dans le style vous avez D sur Saturn et PS1, qui se finit en 2 heures et est autrement mieux réalisé.

Piqué par la curiosité suite aux deux avis précédents, j'ai franchi le pas, cassé ma tirelire et ouvert ce recueil d'histoires (sous la forme "jeu-vidéo"). What Remains of Edith Finch nous propose de jouer avec la mort à travers l'étrange malédiction qui touche les membres d'une singulière famille. Chaque séquence de souvenirs, au gré de notre pérégrination dans une maison improbable, nous propose "d'arriver au bout du chemin", et incorpore à chaque fois une représentation ou une mécanique de jeu originale (aussi simple qu'elle soit). C'est joliment fait. Le ton parfois guilleret n'évite pas le glaçant ou le spleen total, et certaines séquences peuvent plomber bien comme il faut le moral. Mais la surprise est constante et même si j'aurai aimé plus d'histoires, et à peine plus d'émotions (ayant fait l'expérience de To the Moon sur un thème comparable), je ne peux qu'applaudir l'ensemble pour son funambulisme et sa poésie.

Bien mis en garde que le jeu n’en est pas tout à fait un, je me lance dans un roman interactif où les lignes s’écrivent devant nos yeux, en suivant un chemin, en ouvrant une porte, en regardant un objet… Une idée visuelle très inventive, fil conducteur de votre avancée dans les mémoires des membres de la famille maudite des Finch. Pour comprendre son passé, la jeune Edith revient dans la maison – surréaliste – de ses ancêtres, explorant les moindres recoins de chacune de ses pièces. Le parcours est toutefois très balisé ; le prix à payer pour que l’histoire conserve une progression logique, remontant le fil du temps pour évoquer les destins tragiques des Finch. Ce qui marque d’abord est la profusion de détails de chaque pièce de la maison, figée dans le temps, comme si on entrait dans l’intimité de chaque membre de la famille : avancer trop rapidement revient à se priver d’une certaine ambiance. Mais les trouvailles visuelles – voire de gameplay – les plus audacieuses se découvrent dans les mémoires des Finch, que l’on revit… ou plutôt, que l’on cherche à interpréter dans des séquences parfois réalistes, souvent oniriques. Une expérience certes courte, mais marquante.