Le plus grand malheur quand on est un preux chevalier, c'est de se faire enlever sa princesse par un sorcier maléfique, et d'aller la chercher dans la forteresse de la peur, qui porte hélas mal son nom : elle devrait plutôt s'appeler la forteresse de la rage. La maniabilité particulière de la série Wizards & Warriors s'adapte en effet très mal à cette itération, simple jeu d'action / plateformes horriblement difficile et frustrant malgré ses 5 niveaux. C'est en mourant sans cesse qu'on finit par avancer (ou pas, car il n'y a pas de continue), à éviter des pièges et des ennemis surgis de nulle part, et à tenter des sauts millimétrés de l'impossible – mention spéciale à celui du niveau 2-0 ! Et puis ce héros... Il l'a acheté où, son équipement ? Le bouclier ne protège de rien (sauf à en trouver un bon dans un coffre), l'épée est ridicule, l'armure est en paille, et la réception est hasardeuse (sauf à trouver de bonnes bottes). La forteresse est déjà suffisamment imprenable pour qu'en plus on doive se coltiner le dernier des incapables. Bon, vous savez quoi ? Ce sorcier est peut-être gentil au fond, alors pourquoi la princesse ne serait-elle pas heureuse avec lui ? Fin.

Une fois la Game Boy allumée, difficile de retrouver le chevalier chevelu, badass et musclé qui officie sur la jaquette du jeu. Notre personnage est un peu ridicule, il s'agit d'un soldat lambda sans visage, plus proche dans son apparence du Playmobil que du guerrier surpuissant. D'ailleurs l'univers du jeu est très naïf ; on affrontera des chauve-souris batman, des serpents sortis tout droit d'un dessin d'enfant et des décors de tour médiévale construits intégralement en Lego. Ce n'est pas un défaut, loin de là, mais je ne m'attendais pas à ça en me lançant dans cette "Forteresse de la Peur"... Et bien si finalement, le jeu porte bien son nom, vous allez trembler devant ces créatures apparaissant de toutes parts, ce trou immense et ces minuscules plate-formes mobiles qui bougent trop vite. Notre saut est un peu trop ample et la précision semble manquer avec cet effet isométrique dans les décors (de la profondeur malvenue). Pour chaque seconde jouée, le jeu vous fera sentir votre manque d'entraînement patent devant les difficultés de l'impossible. 'Inutile d'aller plus loin, abandonnez, abandonnez, abandonnez !' me hurle le jeu. Ok, ok, pas de problème, j'abandonne.

Déception, Wizards & Warriors X n’est pas un jeu érotico-médiéval mais un jeu de plateformes où votre héros devra essayer de traverser différents donjons avant d’affronter le sorcier Malkil. A-t-on déjà vu un chevalier aussi faible ? Bouclier en papier et armure en carton sont de mise tant les dégâts s’accumulent rapidement. L’option « épée en bois » a aussi été retenu tant il semble compliqué de tuer certains ennemis et surtout les boss. Notre héros saute étonnement haut et lentement dans l’histoire… pour mieux tomber dans le vide à essayer d’attendre des plateformes minuscules ou à sauter sur des nuages qui parfois sont des plateformes, parfois… le décor. Si ça ne suffisait pas des projectiles débarquent sans cesse à une vitesse ahurissante alors que vous avez déjà du mal à vous défaire des chauve-souris et autres squelettes. Graphiquement, c’est moyen mais surtout la perspective ratée empêche d’apprécier les distances. Il y a bien quelques équipements à ramasser qui vous aideront un peu mais le découragement arrive affreusement vite devant une telle difficulté (et les bruitages insupportables). J’abandonne, voyons plutôt si je peux le trouver ce jeu érotico-médiéval...

Quand on est gamin, c'est-à-dire environ 10-11 ans, notre capacité à juger un jeu est assez réduite et on trouve tout " trop bien", même une daube comme celle-ci. Parce que d'un point de vue plus adulte, Fortress of Fear n'a aucune excuse, même lors de l'époque de sa sortie. Le héros est lourd à diriger, son épée ne fait quasiment pas de dégâts, et pire encore, on peut se prendre des dégâts en sautant, car on doit gérer à la fois la longueur ET la hauteur. Pas facile avec les deux boutons d'action de la console... Ajoutez à cela une difficulté aberrante avec des ennemis rapides, dont certains n'hésiteront pas à vous passer littéralement au travers ; des précipices avec des plateformes hors-champ (oui, oui) ; un level-design à la ramasse et sans aucune imagination, et on se rend compte que le jeu part avec de sérieux handicaps... On peut le trouver correct graphiquement, et encore, il fait pâle figure face à Super Mario Land ou Balloon Kid pour ne citer qu'eux. Et que dire de la musique, plus proche de la cacophonie que d'une mélodie harmonieuse... On a vite fait de couper le son, en fait. Ou même de retirer la cartouche de la console, c'est encore mieux.