Qu’est-ce qui fait de Dordogne un jeu vidéo plus qu’une BD interactive ? Sans doute l’implication demandée au joueur, misant sur sa capacité à prendre le temps, s’émerveiller des décors et fouiller le moindre recoin pour y découvrir un secret. Avec sa réalisation en aquarelle proprement superbe, des couleurs éclatantes et un paysage qu’on croirait en train d’être peint sous nos yeux ébahis, Dordogne charme d’emblée. Si 4 petites heures sont nécessaires pour révéler le passé de votre héroïne, cherchant à retrouver sa mémoire perdue dans la maison de sa grand-mère récemment décédée, le jeu n’a toutefois pas le brio d’un What Remains of Edith Finch, et étire son aventure avec des actions gadget (tourner une clé, remuer une poêle à frire…) qu’on croirait surgies de l’époque Wii et ses mini-jeux casual. Lorsqu’il partage en revanche sa nostalgie de l’enfance, le souvenir d’une personne disparue, ainsi que le charme d’un coin de campagne intemporel, Dordogne véhicule davantage d’émotions et réussit ce qu’il entreprend ; la ballade en kayak, tout particulièrement, est un moment pourtant court mais qu’on se plaît à prolonger, pour le simple plaisir de profiter de son décor magnifique.

Dordogne est un joli jeu. Il se présente comme un album jeunesse qui s'animerait devant nous. L'écran s'imbibe d'aquarelles aériennes et lumineuses, et certaines scènes parviennent à suspendre le temps comme ces quelques balades, en kayak, sur le fameux fleuve. L'histoire est toute choupi et sent le vécu (du moins, au début). Le jeu se pare des souvenirs de l'enfance, avec des mini-défis nous ramenant à nos 10 ans, comme pour mieux s'adresser aux adultes que nous sommes devenus les séquences suivantes. Sont évoqués en filigrane, entre deux moments de joie, disputes et deuil, des drames qui ont séparé peu à peu les membres de la famille. Hélas, les révélations, auxquelles nous sommes tenues, m'ont déçu. Fortement. Au point de ne voir l'ensemble, au final, que comme une suite impersonnelle d'images d’Épinal et d'emprunts à d'autres œuvres. Le parti-pris graphique avant tout.