Digital Eclipse (Atari 50) continue sur sa lancée en mêlant compile et documentaire. Avec Jeff Minter Story, c'est le portrait et le parcours d'un créateur indépendant, véritable hippie du jeu vidéo. On commence par les balbutiements en basic au début des années 80, avec des clones des classiques de l'arcade (pas tous réussis) avant de dériver sur des dromadaires, lamas et autres ruminants qui tirent des lasers dans des titres improbables. On poursuit ensuite sur le désir de synesthésie totale qui caractérise le chevelu, des générateurs d'images fractales s'accordant avec la musique à Tempest 2000 en 1994, dernier jeu de la rétrospective, fusion rêvée entre le jeu d'arcade à l'ancienne et les effets psychédéliques. Oui, il manque les jeux du 21ème siècle (Polybius, Tempest 4000) qui poussent cette logique à fond et oui, l'expérience peut, j'imagine, laisser de marbre si on ne creuse pas un minimum les jeux - parfois bruts de décoffrage - ou la partie docu. Mais l'ensemble m'a profondément touché : ressentir les cassettes à bande magnétique, toucher du doigt les flyers photocopiés, jouer à la Konix, une console jamais sortie. Et puis, au hasard d'une partie, entrer dans "la zone".