Toute série a un commencement, et dans le jeu vidéo, un premier volet d'une « success story » acquiert un statut mythique quelque soit sa qualité. Mais autant être franc tout de suite, le véritable épisode fondateur de la série Street Fighter est clairement le deuxième volet. Street Fighter premier du nom en est l'ébauche, à tout point de vue, car on retrouve à l'état brut ce qui fera le succès de sa suite plus tard : engagé dans le tournoi, Ryu et Ken, les deux seuls combattants disponibles, disposent déjà de leurs célèbres Hadoken ou Shoryuken. Ils doivent également affronter des combattants de tous horizons, avec entre autres Gen pour la Chine, Birdie et Eagle pour le Royaume-Uni, et les deux boxeurs thaïlandais, Adon et le terrifiant Sagat, dont le torse n'était évidemment pas encore marqué par cette fameuse cicatrice. Si graphiquement, le jeu s'en tire honorablement, la musique est déjà plus énervante... Et que dire de la maniabilité, tout simplement horrible (sortir un Hadoken relève presque de l'impossible) et plombée par le manque de fluidité des combats. Street Fighter 1 ne peut donc intéresser que les initiés... ou les curieux.

Comment un titre si médiocre a t-il pu donner naissance à une série aussi mythique ?? Telle est la question. Car oui, ce premier épisode (datant de 1987) est catastrophique ! Malgré quelques bonnes idées de base, comme les coups de différentes puissances ou bien les attaques spéciales, ce Street Fighter semble bien pauvre. En effet, ici, le joueur solo n'aura pas d'autre choix que de prendre Ryu (Ken étant réservé au deuxième joueur en mode 2P) pour aller affronter divers adversaires aux quatre coins du monde. Autant être franc de suite : C'est horrible ! Si graphiquement, le jeu est plutôt correct, proposant des personnages de bonne taille et de jolies couleurs, l'animation elle, est risible. Mais le pire ici, c'est sans aucun doute la maniabilité et la difficulté du jeu ! Il est extrêmement difficile de sortir un pauvre Hadoken, d'autant qu'en face, l’adversaire ne vous fera pas de cadeau avec des coups puissants. Les combats sont courts ; 3 ou 4 coups bien placés suffisent à mettre K.O. Ce premier SF tient plus de la curiosité aujourd'hui. Il est quasi impraticable et bien trop limité. Une pièce ce musée qui doit rester enfermée dans sa vitrine quoi...

Oui, il y a bien eu un "avant" Street Fighter II, mais ce premier du nom est le rejeton oublié de la série, souvent considéré comme une erreur de jeunesse. Pourtant, d'erreur il n'y eu point : en 1987, à sa sortie, les bons jeux de combats en un contre un se comptaient sur les doigts d'une main et aucun n'avait fait l'unanimité. Capcom propose alors un jeu ambitieux où 2 combattants au choix (Ryu ou Ken déjà) doivent éliminer 9 autres combattants internationaux avant d'affronter le boss final : un certain Sagat. Graphiquement, ça en jette pas mal pour l'époque et la variété des personnages fait plaisir à voir. Nos héros sont déjà dotés des coups de pied/poing de force différente et de leurs fameux coups spéciaux (hadôken & co). Problème : sortir ces derniers relève de l'exploit. J'ai eu beau faire saigner mes doigts à enchaîner des quarts de tour, ces coups sortaient une fois sur 4. Malheureusement, ils s'avèrent nécessaires pour espérer gagner un combat, les ennemis étant super rapides et pouvant vider votre barre de vie en 3 coups (Sagat m'a même battu en 2 secondes chrono). Bref, SF1 est à la limite du jouable, un jeu brouillon qui pose néanmoins les bases d'une future légende.

Alors, c'est ça le mythique Street Fighter 1 dont j'entends parler depuis 30 ans ? Mais quelle daube ! Rarement, je n'ai eu un jeu aussi injouable. C'est pas compliqué : je le mets au même niveau que le légendaire Rise of the Robots. Graphiquement pas trop dégueulasse (et encore), le jeu nous amène à diriger un Ryu enragé par sa couleur de cheveux. Notre Japonais roux va donc déchainer sa colère sur mouts ennemis : maître shaolin, boxeur, ninja, combattants de box thaï... Certains d'ailleurs reviendront dans les épisodes suivants (Gen, Sagat...), d'autres serviront de base à de nouveaux modèles (le ninja deviendra Vega). Là où je ne suis plus DU TOUT d'accord, c'est dans le cœur du jeu : le gameplay. C'est putain d'injouable ! J'ai même essayé d'y jouer avec plusieurs manettes. Je n'ai pas réussi à sortir le moindre spécial. Le perso sautille de façon insupportable, y'a aucun contrôle de ce qu'on fait et on se retrouve avec la sensation d'avoir un pachyderme qui distribue au hasard des coups dans le vent, et on prie pour que la hitbox marche avant que vous vous soyez fait repoudrer le nez. Honnêtement, le fossé avec Street Fighter II est juste sidérant. Une genèse bien merdique.